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Laurent Joffrin, Directeur du Nouvel Observateur, s’interroge : «Comment lutter contre le ‘gentil’ Front national ?».

Faut-il admettre cette politique du bouc émissaire quand les exemples étrangers montrent que les pays les plus ouverts à l’immigration ne sont pas ceux qui vont le plus mal, bien au contraire ?

Les habits neufs d’enfant de Marine rendent moins simple la bataille contre le parti d’extrême droite. Mais il reste tout de même des armes.
C’était tout de même plus simple quand il avait l’air méchant, quand sa vraie nature était bien visible, quand il multipliait les provocations xénophobes ou antisémites. […] Alors faut-il ranger les drapeaux de l’antifascisme, faire taire toute indignation, mettre au rancart manifs, tracts vengeurs, conférences pédagogiques, rappel des «heures les plus noires de notre histoire», bref accorder au Front national, comme il le demande à cor et à cri, son brevet de parti comme les autres ? C’est là où tout se complique.
Bien sûr les leçons de vertu tombent à plat. Bien sûr les envolées morales sonnent le creux. […] Mais en attendant que l’économie se rétablisse, que l’Europe se ressaisisse, que le civisme renaisse, que les tensions communautaires s’apaisent, que l’ouverture des frontières fasse moins peur – et tout cela prendra un certain temps – faut-il rester les bras croisés ? Faut-il vraiment banaliser un parti qui fait des immigrés la cause principale des difficultés françaises, au mépris de la réalité ?
Faut-il consentir à un programme qui prévoit de ramener le droit d’asile, pilier des valeurs démocratiques universelles, à la portion congrue, qui préconise les moyens les plus durs pour lutter contre les sans-papiers, allant jusqu’à proscrire toute manifestation de soutien à ces damnés de la mondialisation ? Faut-il sortir de l’euro et de l’Europe pour rétablir la fermeture des frontières, et détruire ainsi l’oeuvre de plusieurs générations, alors que cette construction fragile et improbable garantit, tant qu’elle est là, la paix aux générations futures ?

Ceux qui apprécient, malgré la perte de mémoire contemporaine, ce formidable documentaire sur la guerre de 1914 intitulé “Apocalypse”, comprendront de quoi on parle…

Faut-il se rallier à une politique étrangère qui ferait de la France l’alliée de Poutine, l’amie d’Assad, la Ponce Pilate de tous les massacres, l’adversaire des révolutions arabes et la nostalgique de tous les dictateurs déchus, qui ferait de Paris la Mecque de tous les national-populistes d’Europe, la nouvelle Rome des xénophobes ? Le Front national est effectivement un parti comme les autres. Comme les autres partis d’extrême droite…
Ceux qui prétendent le contraire ne le font pas par lucidité, par réalisme, ou par une suprême habileté. La plupart du temps, ils veulent favoriser sans le dire l’intégration du FN au jeu républicain, c’est-à-dire, à terme, l’alliance entre les frontistes et l’UMP, en bloc ou en détail, qui donnerait à la droite très dure une majorité dans le pays. […] Nouvel Obs

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