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L’audience s’est ouverte hier sur le cas des trois proxénètes présumés de mineures. Ni l’escort-girl, ni Ribéry, ni Benzema n’étaient présents.

Ce n’est pas eux que les caméras attendaient à la porte de la 16e chambre correctionnelle de Paris. Les stars du procès, Zahia, Ribéry et Benzema, se sont fait porter pâles. Mais «Abou», Elie ou Georges, ces loulous du monde de la nuit, sont en réalité les principaux acteurs de ce procès pour proxénétisme de mineures
Quoi de commun, en effet, entre ces sportifs multimillionnaires et le Zaman Café, «cabaret oriental» près des Champs-Elysées, où l’on fumait la chicha et où rabattait parfois Zahia ? Un bar rempli d’une clientèle «vulgaire», comme l’ont dit les filles devant les flics de la mondaine, d’où sont parties les investigations qui ont permis d’arrêter Zahia et de remonter jusqu’à ses célèbres clients. Il y a pourtant des passerelles…
«Qatar». Hier, les frères Farhat sont passés les premiers. Ils géraient le Zaman Café et sont poursuivis pour proxénétisme aggravé. Le grand, Georges, travaille aujourd’hui «pour le roi du Qatar». Il fait l’homme froissé par les questions agressives du président du tribunal, Denis Couhé. Le petit, Elie, qui travaille chez son oncle à Miami, se paie la tête des juges. Devant les enquêteurs, il avait admis que les filles représentaient de 30 à 40% de sa clientèle, que le bar leur faisait des prix sur les consos. Hier, il dit : «Ce sont les policiers qui ont parlé de filles en petite vertu, alors j’ai dit comme eux. Je ne parlais pas de prostituées !…
La plupart des prévenus sont nés dans les années 80. Les mots «prostituée» ou «proxénète» renvoient, pour eux, au tapin du siècle dernier. Derrière leurs provocations, ils dessinent avec aplomb un monde d’«intermédiaires» et de jeunes prostituées souvent occasionnelles, qui parfois ne se vivent pas comme tel. Ce monde flouté de la prostitution de demi-luxe, ils en jouent.
«Vuitton». Abousofiane Moustaid est poursuivi pour proxénétisme aggravé. Il a avoué devant le juge d’instruction qu’il «mettait en relation» des filles et des clients, en échange de «petites rémunérations». Mais devant le tribunal, Abou le jure : il a simplement beaucoup de relations et des copines l’ont aidé quand il était «en galère». Mais il ne connaît pas de prostituées, ou presque. Des «star-fuckeuses», oui, en revanche, explique-t-il doctement : «Des filles si éblouies par les gens célèbres qu’elles sont prêtes à coucher…
Et quand on lui parle d’une autre fille dont le témoignage le charge : «Ah non, mais elle, c’est une michetonneuse ! Contrairement à la star-fuckeuse qui recherche la notoriété, elle va vouloir coucher avec un homme qui a beaucoup d’argent et va lui payer un sac Vuitton. Est-ce qu’une personne peut être poursuivie pour avoir offert un sac Vuitton, monsieur le juge ?» Evidemment, Abou n’est pas un proxénète. Le président lit le témoignage d’une jeune fille qu’il a mise en relation avec «Quentin, de la StarAc» pour une relation tarifée à 400 euros : «Abou m’a demandé 150 euros de commission, j’ai trouvé que c’était trop, je lui ai donné 100.» Là encore, Abou a une réponse : «Si j’avais été son proxénète, je lui aurais dit : “Tu me donnes 150 euros et c’est tout.” Depuis quand un proxénète négocie avec sa prostituée? Ça se saurait.»
Libération

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