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Ras le képi. Les policiers, aiguillonnés par des syndicats déjà partis en campagne en vue des élections professionnelles, sont désormais vent debout contre le matricule que les forces de l’ordre devront arborer dès le 1er janvier sur l’uniforme ou les brassards. Promise par Manuel Valls tel un gage aux associations et aux partis de gauche qui ont réclamé en vain l’idée d’un récépissé délivré lors d’un contrôle d’identité, cette mesure a été rejetée il y a une dizaine de jours en commission paritaire à une rare unanimité par l’ensemble des syndicats de police, toutes tendances confondues, du gardien de la paix aux commissaires en passant par les officiers. Quasiment du jamais-vu.

Les racines de la grogne sont profondes. « Le port obligatoire du matricule est vécu par les collègues comme une stigmatisation outrageante ! Tout le monde sait que c’est la contrepartie de l’abandon du récépissé, un temps imaginé pour lutter contre les contrôles au faciès, peste Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d’Alliance Police nationale, fer de lance de la contestation. Accepter le port de ce matricule, c’est accepter l’idée que les policiers puissent agir en fonction de la couleur de peau. Cette idée, contraire aux lois républi­caines, nous est insupportable. Ce soupçon est autant plus usant que notre institution est l’une des plus contrôlées de France: déjà par la fameuse “police des polices”, mais aussi par les magistrats ou encore le Défenseur des droits, qui peut être désormais saisi par n’importe quel citoyen… »

Dans une morne atmosphère où ils déplorent un « manque de confiance », la base et les gradés revendiquent plus de soutien à l’heure où Beauvau leur demande d’être plus engagés sur le front d’une délinquance rugueuse, notamment dans les Zones de sécurité prioritaires (ZSP) qui se multiplient à moyens constants.

Répétant que le port du matricule « n’est pas un signe de défiance », comme à l’occasion de la cérémonie des vœux de l’Association nationale d’action sociale (Anas), Manuel Valls prévient d’emblée que ce dernier n’a rien de facultatif. « J’entends bien que tous » les policiers et les gendarmes « le portent », a mis en garde le premier flic de France, droit dans ses bottes.

« Le matricule assurera la transparence de l’action des forces de sécurité, assure Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur, où l’on veut euphémiser la tempête. Ceux qui respectent la loi et le règlement déontologique n’ont par définition rien à craindre. L’idée est de restaurer le lien de confiance avec les citoyens. » De fait, l’idée de « vivre ensemble » que promeut la Place Beauvau contraste avec les tumultueuses relations qu’entretiennent les unités d’intervention et une partie de la population.

(…) Le Figaro

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