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Cinquante ans après le discours de Luther King et cinq ans après l’élection d’Obama, Noirs et Blancs ne sont toujours pas égaux. Le rêve ne s’est pas encore réalisé.
Fredrick Harris est professeur de sciences politiques et directeur du Center on African-American Politics and Society à l’université de Columbia. Au printemps, il assurera un cours à la Sorbonne à Paris. À l’occasion des cinquante ans du «I have a dream» de Martin Luther King, il fait le point sur l’égalité raciale aux États-Unis et sur l’action de Barack Obama dans le domaine.

On n’est pas dans la société post-raciale annoncée à l’arrivée d’Obama, où la couleur de peau n’a pas d’importance. On est plutôt dans une société post-raciste. Il n’y a plus de lois qui excluent et discriminent explicitement les Noirs, mais il demeure des restes subtils de discrimination.

Selon un sondage récent, 49 % des Américains, dont 79 % de Noirs, disent qu’on est encore loin de l’égalité raciale aux États-Unis. Cinquante ans après le discours de Martin Luther King, ce n’est guère encourageant…
Beaucoup de choses restent à faire en matière d’égalité. En 1963, la discrimination raciale était certes plus évidente, mais aujourd’hui, il y a des politiques en surface neutres racialement mais qui ont des conséquences discriminatoires. Par exemple, le système judiciaire. Depuis les années 1980, le nombre de Noirs en prison pour usage ou trafic de drogue a beaucoup augmenté. Cela est dû notamment aux disparités entre les peines pour possession de crack et de cocaïne. À une époque, vous risquiez une peine beaucoup plus élevée si vous étiez arrêté avec du crack que de la coke. Or, les Noirs pauvres ont plus de chance de vendre du crack… [….]

Ils auraient dû battre le fer quand il était chaud, comme l’ont fait d’autres groupes de pression [gays, Hispaniques]

Il y a eu tout de même des progrès ?
Oui ! Surtout sur le plan politique. Dans les années 1970, on comptait environ 1 000 élus noirs ; aujourd’hui, ils sont quelque 12 000. En matière d’éducation, le nombre de Noirs qui passent le bac ou vont à la fac a beaucoup augmenté. Sur le plan économique, c’est moins net. On a aujourd’hui la plus grande classe moyenne noire de l’histoire, mais il y a aussi d’énormes disparités en termes de richesses et un déclin du revenu – qui touche d’ailleurs aussi la classe moyenne blanche. […] Le Point

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