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«Contrat zéro heure» au Royaume-Uni, «mini-job» en Allemagne, «contrat intermittent» en Italie, travail temporaire très développé en Espagne ou au Portugal : les Européens rencontrent de plus en plus de difficultés à trouver un emploi stable et à temps plein.

En Angleterre, ils seraient plus d’un million, selon un sondage réalisé par une organisation de professionnels des ressources humaines, à être employés dans le cadre d’un «contrat zéro heure». La particularité de ce type de contrat de travail britannique: il ne garantit ni temps de travail ni salaire minimum, et le salarié peut être prévenu la veille de sa journée de travail du lendemain . «C’est très sporadique et imprévisible, ce qui rend pratiquement impossible d’établir un budget ou un programme», témoigne pour l’AFP un jeune magasinier de 26 ans. Le marché de l’emploi britannique se caractérise par une flexibilité extrême, mais les contrats de travail dit atypiques ont proliféré dans toute l’Europe.

Les Européens sont en effet de plus en plus souvent contraints de passer par un emploi précaire pour rejoindre le marché du travail. Une étude allemande publiée l’année dernière souligne que la probabilité pour une personne en recherche d’emploi de trouver un contrat à durée indéterminée (CDI) en Europe a chuté de 7,7% entre 1998 et 2008. «La qualité de l’emploi s’est détériorée», note l’étude. C’est particulièrement vrai en Italie (+14%), en République Tchèque (+27%) et en Allemagne (+7%). De nombreux pays d’Europe ont en effet développé de multiples formes de contrats atypiques depuis les années 2000.

«Mini-job»

C’est le cas de l’Allemagne, où la réforme du marché du travail menée en 2003 par Gerhard Schröder a notamment introduit les «mini-jobs»: des contrats destinés aux chômeurs de longue durée rémunérés aux alentours de 400 euros par mois, le plus souvent limités à 15 heures de travail par semaine et exonérés d’impôts et de charges sociales.

Aujourd’hui, 7,4 millions de personnes exercent un mini-job et 1,4 million sont rémunérées moins de 5 euros bruts de l’heure. Un tiers sont de fait contraints d’exercer un deuxième emploi.

Pour introduire plus de flexibilité sur son marché du travail, l’Italie a de la même façon créé, au début des années 2000, toute une série de nouveaux contrats temporaires: «contrat de projet», «contrat intermittent», «prestation de service»… Ce dernier, par exemple, n’accorde pas le bénéfice de la protection sociale à son titulaire.

Aujourd’hui, près d’un jeune Italien sur deux est employé sous l’un ou l’autre de ces contrats. En dix ans, l’emploi temporaire s’est aussi considérablement développé en Espagne – il concernait un salarié sur quatre avant que la crise ne fasse grimper le chômage en flèche -, en Pologne et au Portugal…

L’avantage de la France s’est effacé

Avec la crise, les entreprises ont d’abord taillé dans leurs effectifs en contrats précaires. Mais la qualité du travail ne s’est pas améliorée pour autant: les employeurs allemands recourent par exemple encore plus au temps partiel et aux horaires de travail décalés qu’en 2005.

Quant à l’avantage de la France, qui comptait avant la crise moins de CDD et de contrats à temps partiel que ses voisins, «il s’est effacé», souligne une étude du centre d’études de l’emploi publiée en début d’année dans l’ouvrage collectif, «L’emploi en temps de crise».

Aujourd’hui, plusieurs gouvernements européens cherchent à remédier à ces inconvénients: l’Espagne, l’Italie, le Portugal et, récemment la France cherchent à favoriser les embauches en CDI, en les subventionnant, en facilitant les licenciements ou en taxant plus lourdement les contrats courts. La loi sur la sécurisation de l’emploi, adoptée cette année, a opté pour cette dernière mesure en prévoyant une cotisation sociale alourdie pour les CDD.

Le Figaro

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