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 La réalité d’aujourd’hui est bien une réalité urbaine : la moitié de l’humanité vit en effet de nos jours en zone urbaine. Cette population urbaine ne va cesser de s’accroître puisqu’en 2030, c’est près de 65 % de l’humanité qui vivra en ville. Comme la violence et les rivalités de pouvoirs sont et resteront, aujourd’hui comme demain, consubstantiels à la nature humaine, il a semblé indispensable aux responsables de l’Institut d’Études Géopolitiques de Genève, du Département des Relations Internationales de l’Université de Webster et du  Club Participation et Progrès d’organiser conjointement à Genève un colloque international sur le thème des « conflits en zone urbaine ». Ce sont les actes de cette rencontre qui composent cet ouvrage.

par Stéphane GAUDIN

Arc de Triomphe, par Patrick Chauvel – reporter de guerre.

(…)

M. Gyula Csurgai émet l’hypothèse

qu’un conflit identitaire se développe dans les banlieues françaises, suivant une logique ami-ennemi influencée par différents facteurs qu’il examine dans son intervention.

Il argumente que la dialectique ami-ennemi, essence de la politique entre États selon le penseur allemand Carl Schmitt, s’est déplacée à l’intérieur de l’État, selon les logiques géopolitiques et polémologiques.

Les attaques des jeunes des banlieues contre les forces de l’ordre, mais aussi contre les pompiers et les symboles de l’État, s’inscrivent dans cette logique ami-ennemi, symptomatique d’une situation d’avant-guerre civile.

Selon M. Csurgai, l’affaiblissement de l’Etat-nation et l’érosion de sa souveraineté peuvent légitimer les pouvoirs des acteurs non- étatiques ayant la capacité d’assurer le contrôle et le fonctionnement des territoires de banlieue. Ce processus graduel de substitution du pouvoir de l’État peut conduire, dans les banlieues, à une situation de partage du pouvoir entre islamistes et chefs de l’économie souterraine.

Oskar Baffi démontre que l’ampleur croissante que prend le phénomène des violences urbaines en Europe, notamment en France et en Grande- Bretagne,

s’inscrit dans un processus de délitement sociétal lié tant à la gestion territoriale de l’urbanisation galopante qu’à l’intégration socio-économique d’individus majoritairement d’origine étrangère.

Afin de cerner ce phénomène, il y a lieu de distinguer les logiques qui concernent, d’une part, les rapports qu’entretiennent ces individus avec le territoire dans lequel ils évoluent et, d’autre part, les représentations qui habitent l’imaginaire des différentes communautés — notamment ethnique, religieuse et linguistique — auxquelles ils appartiennent. En l’espèce, les réalités complexes que recouvrent les concepts d’espace et d’identité, ainsi que les enjeux vitaux qui en découlent et les intérêts particuliers qui s’y affrontent, s’enchevêtrent pour constituer un espace géopolitique à part entière : l’agglomération, entendue comme système-ville caractérisé par un centre et une périphérie. Il apparaît dès lors urgent de penser une géopolitique des violences urbaines qui fasse émerger les dynamiques de puissance qui lui sont sous-jacentes et auxquelles se rattachent des enjeux aussi bien culturels que sécuritaires, cruciaux pour l’avenir de nos sociétés.

Les réflexions développées dans ce livre sont tout à fait centrales à l’heure où les conflits en zone urbaine jouent un rôle de plus en plus important dans les guerres contemporaines. La violence devient par ailleurs de plus en plus visible dans nos cités dites « sensibles », résultant en partie des rivalités entre acteurs contrôlant l’économie souterraine.

Via theatrum-belli.org

un portrait du photojournaliste de guerre Patrick Chauvel.

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