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Dix ans après la chute de Bagdad, le grand gagnant de la course au pétrole irakien n’est pas celui que l’on croit. La frénésie d’achat de pétrole dont fait preuve Pékin inquiète, y compris en Chine.

Le président américain George W. Bush a-t-il vraiment décidé d’envahir l’Irak en 2003 pour s’emparer de son pétrole ? Aujourd’hui en tout cas, constate le New York Times, ce sont les entreprises pétrolières d’Etat chinoises qui achètent près de la moitié de la production irakienne, qui atteint un total de 1,5 millions de barils par jour. Et il est fort probable que la Chine renforce encore sa quote-part dominante dans les années à venir. «Les Chinois sont les principaux bénéficiaires du boom pétrolier de l’après-Saddam», reconnait un expert cité par le Times. «On s’est fait avoir», reconnait pour sa part Michael Makovsky, qui occupait un poste de responsable américain du département de la Defense sous l’administration de Georges W. Bush.

La Chine est devenue l’an dernier le plus gros importateur de pétrole au monde. Dans une rare interview accordée en 2012 au Wall Street Journal, le président du géant China Petrochemical Corp., Fu Chengyu, s’inquiéte de l’appétit d’ogre de son pays. Si la Chine poursuit sur sa trajectoire, calcule-t-il, elle importera en 2020 plus de 600 millions de barils de brut (contre environ 460 millions l’an actuellement). «Si nous ne changeons pas, s’inquiétait-il , la Chine va réellement menacer le monde», et la croissance chinoise sera limitée par sa dépendance croissante au pétrole.

La Chine n’aurait donc d’autre choix que celui de développer ses ressources existantes. Sa frénésie de construction de barrages hydrauliques et de centrales à charbon (qui produisent 80% de l’électricité), n’est pas prête de s’arrêter. Pas plus que sa volonté d’exploiter ses ressources pétrolières maritimes, même si elles se situent dans des zones où sa souveraineté est disputée, comme les îles Senkaku Diaoyu (actuellement japonaises) ou les Paracels (revendiquées par le Vietnam).

Nombre d’autres gisements de la mer de Chine du sud sont revendiqués par plusieurs autres pays de la région, et sont source de conflits potentiels avec la Chine, qui, de son côté, renforce considérablement sa marine militaire. Pékin a indirectement profité de la guerre américaine en Irak, mais elle ne fera peut-être pas l’économie de sa propre guerre du pétrole – qu’elle mène déjà sous la forme d’une guerilla maritime de basse intensité.

Libération

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