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Nicolas en prison, la révolte d’un magistrat : “Magistrats de France, réveillez-vous !”
Voici une lettre ouverte transmise par un magistrat du siège à plusieurs médias parisiens, dénonçant l’incarcération de Nicolas, 23 ans, mercredi soir, après une comparution expresse et une condamnation inédite à deux mois de prison ferme.
“[…] Aujourd’hui, Magistrats de France, ne soyez pas impressionnés par la force que déploie un pouvoir aux abois. Aujourd’hui, le 19 juin précisément, le combat des anti mariage gay a changé de nature. Ce n’est plus un échange d’ idées, c ’est devenu un combat contre une dictature. […] Le 19 juin 2013, un tribunal (celui de Paris) a condamné un manifestant de La Manif Pour Tous à une peine d’emprisonnement ferme en comparution immédiate. Quel était le crime commis par celui-ci justifiant cette sévérité inhabituelle alors que les agresseurs d’un train (le RER D) étaient condamnés il y a quinze jours à de simples peines assorties du sursis, alors que les casseurs du Trocadéro du mois de mai ne sont toujours ni jugés, ni a fortiori condamnés ?
Les chefs de préventions étaient rébellion et refus de se soumettre à prélèvement génétique. Les faucheurs d’OGM, qui font du refus de prélèvement ADN un de leurs combats, sont régulièrement condamnés à des peines d’amendes. Mais cela ne vaut pas pour Nicolas, manifestant pacifique au pied d’un studio de télévision condamné à de l’emprisonnement ferme pour partie. C’est aussi pour la rébellion qu’il a été décerné mandat de dépôt par les juges. […]”
Economie matin

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Théophane Le Méné revient sur l’incarcération de Nicolas, 23 ans, un opposant au mariage gay appréhendé au seul motif qu’il portait le sweat-shirt de la Manif. Mercredi, le tribunal correctionnel de Paris l’a condamné à quatre mois de prison dont deux fermes avec mandat de dépôt et à 1000 euros d’amende. Les juges lui ont reproché, outre la rébellion, d’avoir refusé un prélèvement ADN.

Il est difficile de comprendre une presse et un pouvoir qui raillent et amalgament les manifestations françaises quand, quelques semaines plus tard, cette même presse et ce même pouvoir, enjoignent l’Etat turc de couper le gaz lacrymogène et somment le Brésil de cesser la répression policière pour écouter son peuple.

La situation est ubuesque. Nicolas a été condamné pour les conséquences de son interpellation qui elle-même est, selon toute vraisemblance, sans fondement.
Peu après sa nomination, la ministre de la Justice Christiane Taubira déclarait vouloir rompre avec la politique de répression et d’enfermement systématique de la droite: « Il faut recréer une politique pénale qui, sur la base de la lutte contre la récidive, fait de la pédagogie autour de la sanction […] Il y a des années qu’on sait que la prison, sur les courtes peines, génère de la récidive, c’est presque mécanique. Je le dis, il faut arrêter ! Ça désocialise, ça coûte cher et ça fait de nouvelles victimes. » (Libération, 7 août 2012).

A l’époque de cette profession de foi, Christiane Taubira ne pensait certainement pas à Ambroise, à Edouard, à Sixtine ou à Victoire qui iraient, drapeau français à la main et sifflet autour du cou, crier un peu partout dans les rues que le mieux pour un enfant était d’avoir un père et une mère.

Plusieurs récentes décisions des tribunaux montrent qu’une justice à double vitesse s’est calquée sur une France coupée en deux. Il y a trois mois, un groupe d’une vingtaine de jeunes gens aux visages dissimulés derrière des écharpes ou des capuches prenaient d’assaut, à la gare de Grigny […]. Sur l’ensemble des voyous dont la participation aux faits a été reconnue par les juges, seulement cinq jeunes ont été condamnés à des peines de prison avec sursis. Les autres ont reçu des avertissements solennels, une mesure de protection judiciaire ou des heures de travaux d’intérêt général. […] À Lille, il y a quelques jours, une mère veilleuse était agressée par un homme armé d’un couteau qui, à deux reprises, essayait de porter la lame au visage de la femme. Relâché après quelques heures au commissariat, il s’en tirait avec une composition pénale, mesure alternative aux poursuites pénales aux termes de laquelle, s’il donne son accord, il sera au pire sanctionné d’une amende ou d’un travail d’intérêt général. […] Causeur

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