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Des bacheliers moins nombreux en 2013

A 8h ce matin, les 664 709 candidats inscrits à la session 2013 du baccalauréat démarrent leur semaine d’épreuve avec la traditionnelle, et tant redoutée, épreuve de philosophie. Une édition 2013 marquée par un déclin des aspirants-bacheliers, moins nombreux cette année de 38 350 candidats, du fait de la réforme de la voie professionnelle de 2009.

A noter que le nombre de candidats au bac général est en très légère augmentation, à la différences des bacs professionnels et technologiques, qui eux, chutent. 2021 élèves, pour leur part, passeront cette année des épreuves un peu particulières, les épreuves multibacs, qui permettent de décrocher à la fois le bac français et son équivalent espagnol, allemand ou italien.

Le bac, un examen qui coûte cher

Ce sont au total 3990 sujets qui ont été élaborés pour cette édition 2013, en comprenant la France métropolitaine, les DOM, les COM et les centres d’examens à l’étranger, mais aussi les sujets de secours, bien utiles en cas de fuites. Au final, ce sont 4 millions de copies que les enseignants corrigeront pour octroyer, ou non, ce fameux sésame. A savoir que depuis 2009, le prix de la correction d’une copie est passé de 1,32 euros à 5 euros, soit 20 millions d’euros estimés pour cette année, pas mal pour des ratures rouges non ?

En terme de coût, justement, le bac est un examen qui revient cher. 83,60 euros par candidat. Soit 55 millions d’euros au total pour 2013. On est certes loin des 1,5 milliard d’euros estimé par le SNPDEN, le principal syndicat des chefs d’établissement. Le ministère de l’Education nationale ne comprenant pas, lui, les 3 semaines précédent l’examen perdues pour son organisation.

Souhaitons donc bon courage à tous les lycéens qui vont plancher cette semaine et s’orienter, après des vacances bien méritées, vers leurs études futurs. 84,5 % d’entre eux ont été admis l’an dernier. Le cru 2013 sera-t-il encore meilleur ?

Le bac, symbole du naufrage français

Il fut une époque où avoir son bac, c’était quelque chose, situé entre le Graal et le premier haut-de-forme, c’est-à-dire un passage de la vie qui vous transformait son homme et vous posait en société. Au fil des ans et des massifications, et sans que nous ne nous en rendions vraiment compte, la nature du baccalauréat a mué. Peu à peu, cet instrument de reconnaissance s’est transformé en premier palier officiel de la sélection sociale et de la réaction nobiliaire qui paralyse le modèle républicain français.

Le nombre de candidats au bac général stagne, voire régresse

En apparence, le baccalauréat est une très belle conquête égalitaire: 80% d’une classe d’âge ou presque y accèdent, symbole d’une diffusion à l’ensemble de la société française des grands acquis de l’école laïque et républicaine. Ces statistiques tonitruantes donnent évidemment lieu à de grandes proclamations triomphales sur les bienfaits de l’Education Nationale, qui remplit sa mission, etc.

Maintenant, quand on traverse l’imposture des postures pour regarder la réalité des chiffres, c’est un tout autre monde qui se révèle à nous.

Premier élément, 665.000 élèves sont inscrits au baccalauréat cette année, soit 5% de moins que l’an dernier. Cette variation sur une année n’est pas suffisamment significative pour donner lieu à une interprétation fine, mais elle souligne clairement que le pays a atteint un seuil de reflux. La grande massification de l’enseignement, assurée avec des recrutements par légions d’enseignants mal préparés à leur métier, est au bout d’une logique.

La triste réalité de cette logique tranche avec la posture du baccalauréat égalitaire et rayonnant prise par la technostructure de l’Education Nationale. Depuis 1995, par exemple, le nombre de candidats au baccalauréat général stagne, voire régresse. En 1995, 287.000 élèves avaient décroché ce sésame. Ils n’étaient plus que 284.000 en 2011. Pendant ce temps, la population de bacheliers a beaucoup augmenté… Grâce au baccalauréat professionnel.

Les nouvelles technologies ne sont pas mises en avant, l’examen est dépassé

En réalité, depuis une vingtaine d’années, le baccalauréat général, celui qui fait réussir les élèves dans l’enseignement supérieur, celui qui prépare aux meilleures filières, ne cesse de perdre du terrain dans une indifférence collective frappante. Et ce baccalauréat général, en quoi consiste-t-il au juste ? En une épreuve obsolète, sur du papyrus, une plume d’oie à la main, quand la planète entière s’est convertie aux nouvelles technologies.

De façon presque tragique, l’Education Nationale investit dans des détecteurs de téléphones portables pour interdire aux élèves de s’en servir. Evidemment… Cet outil sera la base de leur vie future, tant à la maison qu’au bureau. Il est bien nécessaire de s’assurer que, pour réussir le baccalauréat, il ne faut surtout pas savoir l’utiliser.

Le naufrage français est tout entier contenu dans ce geste : alors que le champ du savoir est bouleversé par des technologies collaboratives qui modifient complètement le rapport à la pensée et aux connaissances, l’Education Nationale française défend becs et ongles une vision dix-neuvièmiste de l’intelligence : l’élève seul face à une feuille de papier, un stylo à la main, interdit de communiquer avec ses voisins.

Economie Matin

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