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Pour Cécile Ladjali, écrivain et professeur de lettres dans le secondaire, les enfants d’immigrés «ont droit aux classiques» : «Pourquoi refuser aux élèves pareils enchantements» ?

«Dead White Men» est la formule consacrée en Angleterre par ceux qui s’insurgent contre les pratiques d’enseignement consistant à faire lire de défunts auteurs blancs aux enfants d’immigrés.

Il m’est arrivé également d’hésiter à faire lire une lettre du Vicomte de Valmont dans Les Liaisons dangereuses (1782) à des élèves dont la mère faisait les ménages, le père était absent, et le grand frère croupissait en prison. Seraient-ils sensibles à l’idiolecte libertin et aux atermoiements d’une dévote ? Sûrement, car le classique est accueillant. Il parle à tous. Sa beauté est universelle. Qui ne se reconnaît dans le désir de Dom Juan, l’orgueil de Faust, l’amour de Chimène ?

«Dénier les classiques aux enfants d’immigrés, à qui l’on ne réserverait qu’une littérature adaptée, participe d’une forme de racisme éhontée.

Encore hantée par le souvenir du colonialisme, l’école doit cesser de promouvoir ce discours d’une scandaleuse condescendance. Peu nous importe de savoir que Pouchkine (1799-1837) descende d’un esclave africain ou que saint Augustin soit nord-africain : ce qui prévaut demeure l’humanité profonde d’Eugène Onéguine et des Confessions. […]

Le Monde

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