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Au moment où paraît le nouveau livre d’Hervé Kempf, Fin de l’Occident, naissance du monde, Régis Debray se livre à un bilan des forces et des faiblesses de l’Occident dans la revue Médium.

Tel est ainsi l’Occident en ses métamorphoses : à la fois amnésique et sentencieux, impérial et puéril, haï et singé, omniprésent et invisible. Nourri au lait hyperprotéiné, Goliath est désormais devenu douillet.
Il convient avant tout de savoir ce que l’on entend par «Occident». Hervé Kempf, étrangement, ne cherche pas à en approfondir la notion, se contentant de l’assimiler au modèle de développement capitaliste né de la révolution industrielle, modèle dont la généralisation à l’ensemble du monde serait désastreuse. Debray préfère y voir une «invention largement mythique» (mais, nous prévient-il, les mythes sont des fusées, non des fadaises) dont le dernier avatar serait le «monde libre», c’est-à-dire l’Amérique et ses affidés. On validera cette définition : de toute évidence, l’Occident n’est sans doute que le «nom de plume de l’Otan», cette architecture de sécurité dirigée pour les seuls intérêts fondamentaux des Etats-Unis. Peut-être est-il aussi utile, pour mieux pénétrer la notion, de s’abreuver auprès des intellectuels occidentalistes. […]

«Et s’il est une fierté constamment affichée sur nos écrans, c’est bien d’en avoir fini avec «les temps longs de la mémoire ethnique et du messianisme religieux».
Mais il est aussi deux handicaps autrement plus terribles, véritables tumeurs de l’être occidental (dont nous avons été, nous, Européens, les premiers cobayes) : la «prison du temps court» et le «déni du sacrifice», estime Debray. Ouvrons les yeux et regardons autour de nous : le présentisme nous est vendu comme un humanisme.

Les indignés du Nord ont le souffle court ; ceux du Sud, la «rancune tenace et souterraine».
L’écrivain, qui a suffisamment réfléchi à la question du sacré, sait bien que «l’Occident [et l’Europe en particulier] l’a mis au rancart». Or le sacré est aussi ce qui commande le sacrifice. D’où cette morbide synthèse, en notre Occident libéral, où l’humeur est interventionniste et le climat, pacifiste. Pour le dire autrement, l’Occident n’a plus le moral de sa morale, ni la vaillance de ses valeurs : «Préserver la douceur du soir jure avec l’esprit de croisade, plutôt matinal.»
Marianne

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