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Quelle image retenir ? Celle de la légende de Gandhi, omniprésente à Ahmedabad, la capitale de l’Etat indien du Gujerat ? Le Mahatma était un fils du pays (il est né sur la côte gujeratie). Alors, forcément, la silhouette ascétique du père fondateur de l’Inde moderne s’étale sur les murs de la cité ou trône – coulée dans le bronze – aux carrefours. La célébration du héros demeure ardente.
Au Gandhi Ashram, au bord de la rivière Sabarmati, il y a affluence les jours de congé. On vient en famille visiter ce laboratoire spirituel et politique d’où le Mahatma lança ses campagnes contre l’occupant britannique. On se prend en photo devant les panneaux frappés d’images d’archives illustrant le gandhisme en marche. On se recueille devant une annexe emplie d’objets sacrés – une masure aux murs en bois couleur rouille et à la toiture de tuiles. A l’intérieur se dresse la fameuse roue à filer posée devant un matelas immaculé, symbole de la frugalité rustique de Gandhi. Et partout, des inscriptions à la gloire de la fraternité universelle.
Puis, il y a cette autre image. La face sombre d’Ahmedabad. Salim Hussein raconte ses souvenirs de pogroms. Agé d’une quarantaine d’années, ce musulman joufflu porte une moustache soignée. “La colère restera en moi toute ma vie, je ne pourrai jamais oublier”, dit-il en faisant la moue. Salim Hussein est un rescapé des émeutes antimusulmanes qui ont embrasé le Gujerat début 2002, faisant entre 1 000 et 2 000 morts dans cet Etat de 60 millions d’habitants, dont 10 % sont musulmans.

La haine vengeresse de la communauté majoritaire hindoue fut déclenchée au lendemain de l’attaque d’un train par des musulmans où 58 hindous avaient été tués. Œil pour oeil. Dent pour dent. (…)

Le Monde

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