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La doctrine du nouveau chef de l’État sur le statut des intermittents du spectacle est on ne peut plus claire: pas question de le modifier. «L’intermittence fait vivre un grand nombre d’industries», avait reconnu François Hollande le 11 avril. Avant de se justifier: «Ce statut est utile pour les bénéficiaires, mais aussi pour les employeurs qui ne pourraient pas vivre sans. Ce qui est contesté par un certain nombre de partenaires sociaux, c’est qu’il repose essentiellement sur les cotisations chômage. Il faut donc peut-être aller vers un financement plus diversifié.» Toute la subtilité réside dans le «peut-être» de la réponse du président qui ne veut pas se mettre à dos une catégorie qui, de tout temps, vote massivement à gauche…
Pourtant, le régime d’indemnisation des intermittents est un scandale auquel peu de politiques ont, jusqu’à présent, voulu s’attaquer, majorité sortante comprise. Frédéric Mitterrand, l’ex-ministre de la Culture, s’en est même félicité publiquement vendredi. Selon les dernières statistiques disponibles, les 105.100 intermittents indemnisés (soit les deux tiers des artistes et techniciens sous ce statut) représentent 0,8 % des salariés affiliés au régime d’assurance-chômage, 3,4 % des effectifs bénéficiant d’une allocation et 5,9 % des dépenses. Des ratios surréalistes que l’on ne retrouve pour aucune autre profession…
Pis, ce régime est ultradéficitaire: les allocations versées en 2009 se sont ainsi montées à 1,3 milliard d’euros pour près de 225 millions de cotisations encaissées. Résultat, le déficit cette année-là a avoisiné un milliard d’euros, très légèrement inférieur à celui du régime général financé par les seules cotisations de 16 millions de salariés et bénéficiant à plus de 2 millions d’allocataires! «Une dérive massive», selon la Cour des comptes.
Dans son dernier rapport, elle enfonce le clou: «Le déficit cumulé du régime des ­intermittents sur les dix dernières années s’est établi à un montant proche de l’en­dettement total du régime d’assurance-chômage». Et pour cause: le régime des intermittents est très «avantageux». Ses allocataires bénéficient d’une indemnisation pendant 8 mois, à condition d’avoir accumulé 507 heures de cachet sur 10 mois. Un système 2,3 fois «plus généreux» que celui des intérimaires – dont les conditions de travail se rapprochent le plus – et sans commune mesure avec celui de droit commun… Il n’est surtout pas du tout contrôlé.
Le Figaro

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