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Pour le sociologue, ce ne sont pas les immigrés qui menacent la France, mais la xénophobie. Et la gauche devrait reprendre la main dans un débat en pleine dérive. (…)

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« Nous » et « eux », cette logique est structurante : elle « nous » définit en même temps qu’« eux ». De qui parle-ton ? Tantôt des immigrés ou de leurs enfants, tantôt des musulmans, ou encore des Noirs, des Roms… Bref, cela dépend, ce qui contribue paradoxalement à l’efficacité de cette rhétorique politique.
Même s’il s’agit de culture, ou de civilisation, en fait, on peut parler de racialisation : malgré tous les beaux discours républicains, ce ne sont pas seulement les étrangers qui sont considérés comme « autres », mais aussi leurs descendants, de la deuxième ou troisième génération :

alors même qu’ils sont français, on leur demande encore et toujours de s’intégrer.

Ainsi, pendant le débat sur l’identité nationale, quand le Président écrit une tribune sur l’islam dans Le Monde, en écho à la votation suisse sur les minarets, il distingue « ceux qui accueillent » et « ceux qui arrivent » : les musulmans appartiendraient donc à la deuxième catégorie.

L’islam serait-il donc nécessairement étranger à la France ?

Cette racialisation s’étend par cercles concentriques : on nous dit que l’immigration est un problème, et qu’il faut donc sévir contre les sans-papiers. Comment la police les reconnaît-elle ? Parce qu’ils ont des « têtes d’étrangers ». Mais on voit bien que ces contrôles au faciès touchent aussi les étrangers en situation régulière, ou encore des Français non-blancs.

C’est quoi une tête d’étranger ? C’est quoi une tête de Français ?

On le voit, la racialisation ne touche pas seulement ceux qu’elle vise, à savoir « eux » ; elle atteint tout le monde au passage, y compris « nous ». La politique d’identité nationale construit aujourd’hui une France blanche.
Quand on évoque le « racisme ouvrier », en fait, le plus souvent, c’est aux ouvriers blancs qu’on pense, même sans le dire… On le voit bien avec l’élection de 2012 : quand on nous dit que la gauche a perdu les classes populaires, c’est le peuple blanc qu’on oppose aux « jeunes des cités ». Présumés non-blancs, ces derniers ne feraient donc pas partie du peuple ?
Rue 89

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