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The Irish Times s’interroge sur les nouvelles technologies qui permettent de rester en contact permanent avec son pays d’origine : sont-elles un frein pour l’intégration des immigrés dans leur pays d’accueil ? Une «identité transnationale» va-t-elle devenir la norme ?

J’appartiens à cette génération de gens qui estiment pouvoir aller n’importe où et s’installer où ils veulent. La nationalité n’est pas une question si importante pour moi. (Ryszard Piskorski)

Prenez l’exemple de Françoise Letellier, ancien consul honoraire à Cork. Installée depuis 43 ans en Irlande, elle regarde le journal télévisé français tous les jours, parle plus souvent français qu’anglais et lit la presse française quand elle le souhaite. «em>Quand je suis arrivée en 1969, on pouvait trouver un journal français une fois par semaine et c’était tout, se souvient-elle. Aujourd’hui, je peux regarder 21 chaînes françaises et suivre la campagne présidentielle comme si j’étais en France».

Ryszard Piskorski, lui, ne retournera pas dans sa Pologne natale. Il a la double nationalité : irlandaise et polonaise. Chassé de chez lui par l’armée russe à l’âge de neuf ans – «le 10 février 1940» -, il a atterri en Irlande après avoir été déporté en Sibérie et être passé par l’Ouzbékistan, le Moyen-Orient et Londres. Il est arrivé à Dublin en 1966. «J’étais en passe d’oublier le polonais jusqu’à ce que je m’abonne aux chaînes polonaises par satellite», explique-t-il. «Ensuite, tout m’est revenu». […]

C’est précisément la persistance de ce lien avec une patrie et une culture qu’ils ont quittées qui alimente parfois la méfiance autour des migrants. Pour beaucoup de gens, leur fidélité à leur patrie d’adoption n’est pas absolue : certains ne peuvent pas se sentir lié à plus d’un endroit à la fois.

Pour Han Entzinger, directeur des études sur les migrations à l’université Erasme de Rotterdam, il s’agit pourtant d’une grave erreur. «Nous avons étudié la question, explique-t-il. Le fait que ces gens maintiennent des liens avec leur pays d’origine ne signifie pas qu’ils ont moins de chance de s’intégrer dans leur pays de résidence». Pour lui, «l’identité transnationale» est en passe de devenir la norme ainsi qu’en témoigne la multiplication du nombre de pays acceptant la double nationalité.[…]

Courrier international

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