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Quelques jours après le décès à New York de Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris pendant 16 ans, le professeur de science politique de l’Université de Nanterre, Alain Garrigou, réagit aux réactions attristées. Elles proviennent à la fois des étudiants, des anciens et de nombreux journalistes. Interviewé en exclusivité par MCE, l’auteur de Les élites contre la République, Sciences Po et l’ENA, émet les premières critiques de son action

Plus généralement, que pensez-vous de l’écho médiatique élogieux qui fait suite à sa disparition ?

L’écho dans la presse cette semaine est lié au fait qu’une grande partie des journalistes parisiens a étudié sur les bancs de Sciences Po Paris. Cette école n’est plus républicaine au sens propre, selon moi, car elle instaure la connivence entre les futurs acteurs de milieux de pouvoir. Ce que je démontrais dans mon livre Les élites contre la République, Sciences Po et l’ENA (2001).

Elle mélange des élèves qui deviendront banquiers, hauts fonctionnaires et journalistes… sans que cela ne pose de problème à personne.

Pourquoi critiquez-vous la transformation de l’école ces seize dernières années ?

J’avais effectivement préparé un article critique pour Le Monde diplomatique sur ce que Richard Descoings avait fini par faire de Sciences Po…qui ne sortira peut-être pas aujourd’hui. Il faisait suite aux révélations sur son salaire de 27 000 euros bruts mensuels et sur les rémunérations en général. Avec les super-bonus des cadres dirigeants de l’école, il avait introduit les principes de l’économie de marché dans une école publique. En choisissant de conserver l’adresse rue Saint-Guillaume alors que le loyer plombe les finances de l’école, il souhaitait mettre en avant le prestige de l’institution et rester proche des centres de pouvoir.

Pour moi, Richard Descoings a réinstauré l’Ecole libre de sciences politiques, une institution de production et surtout de reproduction des élites… avec pour stratégie de légitimation l’ouverture aux boursiers et aux élèves des lycées de banlieues.

MCE.tv

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