Fdesouche

Il y a cinquante ans, le 4 mars 1962, les négociations d’Évian reprenaient, aboutissant le 18 mars à des accords mettant fin à la guerre d’Algérie. Pour l’occasion, le patron des « Mets du Sud » a ouvert spécialement son restaurant, près de la plage du Prado, à Marseille.

L’histoire du colon qui fait suer le burnous, cela commence à bien faire.

C’est l’heure de la kémia, l’apéritif traditionnel pour ceux qui ont grandi dans l’Algérie française d’avant 1962. Un monde que la plupart des convives n’ont pas connu. À deux exceptions près, ces fils ou filles de rapatriés sont nés sur cette rive de la Méditerranée et font partie de l’association «Racine Pieds-Noirs», qui a pour vocation de rassembler la deuxième génération.

Se sentent-ils eux-mêmes pieds-noirs ? Pas tous. Ou pas tous de la même façon. «Je n’ai pas été élevée dans le culte de l’identité pied-noir et du passé, confie Muriel Kalifa, âgée de 39 ans. Je suis uniquement là pour le côté festif et convivial. Mais je comprends ce que certains peuvent ressentir.»

À côté d’elle, Christine Hébert, fille d’un père catholique et d’une mère juive, enchaîne, un verre à la main : «Moi, j’ai baigné dans la nostalgie de mes parents, qui ne se sont pas remis de leur départ. Etre pied-noir, c’est en nous. On est nés avec, on ne peut pas ne pas en parler.» Et cette quadragénaire est heureuse d’entendre un de ses fils s’exprimer en arabe avec ses grands-parents. […]

Que transmettre et quelle identité défendre, quand une communauté s’est seulement formée lors d’un exode ayant subitement rapproché des Français d’Algérie aux origines multiples ? «Nous ne sommes pas une nation, reconnaît Philippe Domenech, entre deux bouchées. Mais avoir déplacé un million de personnes, cela a créé une vraie particularité.»

«Je ne dis pas que tout était rose, mais il y en a marre des clichés, insiste-t-il. On a fait un film, Indigènes, sur le rôle des Arabes dans la libération de la France. Pourquoi il n’y en a pas un sur les pieds-noirs qui ont fait le débarquement en Provence en 1944 ?» déclare Philippe Domenech, 44 ans. […]

La Croix

Fdesouche sur les réseaux sociaux