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Rencontre avec l’ancien international de football engagé dans la lutte contre le racisme, à l’occasion de l’exposition «Exhibitions: l’invention du sauvage» au musée du Quai Branly.

Chapeau sombre et lunettes noires, Lilian Thuram déambule dans les allées du musée du Quai Branly comme s’il était chez lui. Il salue chaleureusement les employés, avance gaiement, jusqu’à jouer à faire des grimaces à un groupe d’enfants qui sort de l’ascenseur.http://img546.imageshack.us/img546/3649/64811678.jpg

Il est à l’aise dans ce musée magnifique dédié aux arts non-occidentaux. Il faut dire qu’il a dû y passer des heures et des heures, entre la préparation de l’exposition «Exhibitions: l’invention du sauvage», dont il est co-commissaire, et son ouverture en décembre 2011.

(…)  La démarche de Lilian Thuram part d’un questionnement personnel sur son identité:

«Quand je suis parti de la Guadeloupe pour arriver dans la région parisienne à neuf ans, je me suis posé des questions sur la couleur de ma peau, parce qu’à l’époque, il y avait ce petit dessin animé “la Noiraude” et les enfants m’appelaient comme cela. Dans ce dessin animé, la vache noire était stupide et la vache blanche était intelligente», confie-t-il.

L’enfant de Point-à-Pitre s’est alors tourné vers l’histoire des Antilles, avec toutes les vérités brutales qu’elle implique. Il a très vite fait le lien avec l’esclavage. Une page sombre «encore très proche», affirme-t-il en expliquant que son grand-père est né en 1908, soit seulement 50 ans après l’abolition de l’esclavage.

«Enrichir l’imaginaire sur les Noirs»

(…) Dans Mes Etoiles Noires, Lilian Thuram a compilé en 2011, ces personnalités antillaises, africaines et même américaines qui ont contribué à faire avancer la cause des Noirs. Son objectif, «enrichir l’imaginaire des gens sur les Africains», car selon lui, «le point de départ de la connaissance des populations africaines pour la majorité des gens est l’esclavage». D’ailleurs, il raconte souvent comment l’ignorance des Antillais sur l’Afrique peut expliquer la complexité des relations afro-antillaises:

«On a appris à ma maman à l’école que ses ancêtres étaient les Gaulois. Elle ne s’était jamais posée la question de savoir pourquoi il y avait des Noirs aux Antilles. C’est moi qui lui ai dit que nos ancêtres étaient africains.

La façon dont on a raconté l’esclavage et l’Afrique a poussé certains Antillais à rejeter les Africains. Quand on vous dit que les Africains sont des sauvages, vous n’avez pas envie d’être assimilé à eux», analyse-t-il. (…)

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