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Les Français n’ont presque jamais autant épargné que durant la crise. Puiseront-ils dans cette réserve pour consommer plus en 2010 ? Les avis divergent.

Alors que sévit la pire crise depuis 1945, que la croissance est au plus bas et le chômage au plus haut, les Français… épargnent. Paradoxal ? Le taux d’épargne a bondi de plus de deux points au troisième trimestre 2009, à 17,1%, par rapport à la même période en 2008 d’après les chiffres de l’Insee. Un plus haut depuis 2002.

«Cette évolution peut paraître surprenante, mais elle est logique,» commente Olivier Gasnier, économiste à Société Générale CIB. En effet, la hausse du taux d’épargne a suivi l’évolution du pouvoir d’achat des Français. Ce dernier, en hausse de 2,2% sur l’année, a profité «d’un effet inflation monstrueux et d’une augmentation des transferts sociaux,» explique l’économiste. Il a donc permis aux Français de se constituer des économies.

Comme l’écureuil fait ses réserves de noisettes en prévision d’un hiver rigoureux, le Français a d’autant plus épargné qu’il entrevoyait des lendemains difficiles, sur fond notamment de hausse du chômage. Un phénomène que les économistes appellent «l’épargne de précaution.»

Baisse de l’immobilier

«Les ménages ont aussi renforcé leur épargne pour compenser la baisse de la valeur de leur patrimoine boursier et immobilier,» ajoute Mathieu Plane, économiste à l’Office français des conjonctures économiques (OFCE). Les Français, très sensibles à l’évolution des prix de l’immobilier, ont donc cherché à palier, en économisant, la chute de 7 à 10% enregistrée sur ce marché.

Le boom de l’épargne, observé sur les trois premiers trimestres de l’année, devrait toutefois ralentir sur les trois derniers mois. Avec la reprise de l’inflation, «le pouvoir d’achat du revenu stagnerait,» anticipe l’Insee dans sa dernière note de conjoncture. Pour conserver un même niveau de vie et profiter des derniers mois de la prime à la casse, les ménages puiseraient donc dans leurs économies, ce qui conduirait à une baisse du taux d’épargne de 0,6 point sur le quatrième semestre, estime l’Insee.

Et pour 2010 ? Les avis divergent. Comme le pouvoir d’achat devrait progresser moins vite qu’en 2009, l’Insee estime que les Français tenteront de compenser en faisant appel à l’épargne. L’institut national de la statistique estime que le niveau d’épargne redescendra à 16,6% d’ici fin 2010. «La probable baisse du taux d’épargne au quatrième trimestre devrait se poursuivre en 2010 pour stabiliser la croissance de la consommation sur le même rythme qu’en 2009,» approuve Olivier Gasnier.

De son côté, l’OFCE parie sur la tendance inverse. «Nous estimons que le taux d’épargne continuera à être élevé (16,8%), les Français mettant de l’argent de côté par crainte des destructions d’emploi qui vont se poursuivre,» explique Mathieu Plane. L’OFCE s’attend à 300.000 chômeurs de plus en 2010.

Le Figaro

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