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Chemsi Cheref-Khan est l’un des doyens de l’immigration musulmane en Belgique. Jeune Turc arrivé en 1961, étudiant à l’ULB (droit, sciences sociales), il embrasse la franc-maçonnerie en 1973, au Grand Orient de Belgique.

(…) J’avais un a priori favorable puisque je venais d’un milieu acquis aux idées des Lumières. Dix ans plus tard, l’islam devenait la deuxième religion du pays. Pour toutes sortes de raisons (le pétrole, les affaires, la générosité du roi d’Arabie Saoudite après l’incendie de l’Innovation), la Belgique avait concédé le Pavillon Oriental, dans le parc du Cinquantenaire, à l’Arabie Saoudite. Il est devenu la Grande Mosquée et le siège européen de la Ligue islamique mondiale, qui a commencé à jouer un rôle important. Lorsque le Parlement a reconnu le culte islamique, en 1974, il ignorait tout de sa doctrine juridique. Cette décision me dérangeait.

Les Belges ont reconnu l’islam pour des raisons diverses et parfois contradictoires: intégrer les musulmans ou préserver leurs racines pour qu’ils rentrent chez eux; se concilier les bonnes grâces des pays du Golfe pour de juteux contrats ; aider les Américains, qui s’appuyaient sur les musulmans les plus radicaux, dans leur lutte contre le communisme…

(…) Quel regard portez-vous sur les milieux maçonniques ?

Je me rends compte que la franc-maçonnerie et les différentes obédiences évoluent dans le sens d’une fraternité qui leur fait parfois perdre de vue l’engagement en faveur de l’émancipation, comme si tout était définitivement acquis.

Les francs-maçons veulent éviter le conflit. Ce qui domine, par rapport à la question islamique, c’est la tolérance, une des valeurs importantes de la maçonnerie. Mais elle nous fait accepter des choses que nous n’aurions jamais acceptées de l’Eglise catholique. Cette tolérance sans limite menace certains acquis, comme la laïcité politique grâce à laquelle les immigrés musulmans ont été accueillis avec bienveillance dans notre pays. (…)

Le Vif.be

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