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Le système bancaire européen est-il réellement à l’abri d’une crise systémique ? La division « hedge fund » de la banque américaine Goldman Sachs craint clairement que non !… Une note confidentielle destinée aux clients des fonds spéculatifs de GS a ainsi « fuité » sur le site Internet du ‘Wall Street Journal’ : un stratégiste senior de la banque, Alan Brazil, y envisage un risque sérieux d’effondrement du système bancaire en Europe, et estime que les établissements européens auraient besoin de jusqu’à 1.000 Milliards de Dollars de fonds propres supplémentaires pour résister à une aggravation de la crise des dettes publiques dans la zone Euro.

La note qui est datée du 16 août dernier, c’est-à-dire en pleine tempête sur les marchés mondiaux, dépeint une vision très sombre de l’économie mondiale en général : risque réel d’effondrement du système bancaire européen, marché de l’emploi américain anémique, et crainte d’atterrissage brutal de l’économie chinoise : « Résoudre un problème de dette en émettant davantage de dette n’a pas résolu le problème sous-jacent ! » écrit Brazil au sujet des dettes publiques.

« Aux États-Unis, la croissance financée par la dette n’a pas eu suffisamment d’impact positif sur les créations d’emplois. Les États-Unis peuvent-ils se permettre de continuer à déprécier la monnaie de référence mondiale sans conséquences graves ? » s’interroge l’expert au sujet de son propre pays…

Concernant les banques européennes, les craintes de Goldman Sachs ne paraissent pas si exagérées… si l’on en croit Christine Lagarde, la nouvelle directrice du FMI. A peine nommée, l’ex-ministre française de l’Economie s’est inquiétée publiquement le week-end dernier de la situation des banques européennes, qui auraient selon le fonds « besoin d’une recapitalisation urgente. » En Europe, les banques et les autorités réglementaires ont immédiatement contesté ces hypothèses, en invoquant les résultats des récents « stress tests » bancaires. Ces derniers ont en effet conclu que la très grande majorité des banques de la région était suffisamment capitalisées…

La polémique a rebondi avec la publication hier dans le ‘Financial Times’ d’une note de travail du FMI (non avalisée par le conseil de l’institution) estimant que les banques européennes verraient leurs fonds propres « durs » fondre de 200 MdsE (280 Mds$, soit 10 à 12% du total) si elles devaient comptabiliser en « valeur de marché » leur exposition actuelle au risque souverain de six pays (Grèce, Irlande, Portugal, Italie, Espagne, Belgique). Les règles comptables européennes autorisent actuellement les banques à inscrire les titres des obligations d’Etat à leur bilan à leur valeur nominale (c’est-à-dire au cours auquel elles seront remboursées ‘in fine’ et non au cours du marché), sauf en cas de risque « avéré » de perte sur le capital investi dans ces titres…

Même quand le risque est avéré, comme pour la dette grecque actuellement, les banques peuvent apprécier librement le montant de la provision à constituer en utilisant leurs modèles internes. Une différence de traitement entre les banques qui rend les bilans peu transparents et contribue à la faible valorisation boursière des établissements européens… L’IASB, le Bureau des standards comptables internationaux, s’est d’ailleurs récemment publiquement émue auprès de la Commission européenne de ce traitement différent selon les banques de la dépréciation de la dette grecque.

Boursier.com

(Merci à Héraclès & à Romégas)

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