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La venue parmi nous du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan était un moment attendu. Et la conférence de presse qui a eu lieu hier, en fin de matinée, se ressentait de ce sentiment général. Les deux drapeaux, tunisien et turc, dans leur si grande ressemblance, mis côte à côte, sans doute à dessein par les organisateurs, portaient en eux-mêmes l’espoir d’un nouveau rapprochement entre les deux pays : espoir que les deux Premiers ministres, tunisien et turc, ont relayé par leurs déclarations.

Le contexte particulier s’y prête, comme l’a rappelé M. Béji Caïd Essebsi, qui affirme : « La Turquie et la Tunisie sont pour la démocratie et la dignité de leurs peuples ». Une base qui autorise très certainement un niveau plus élevé d’échange et de concertation… « Nous nous sommes rejoints sur de nombreux sujets », a encore dit le Premier ministre tunisien dans son allocution. Et, parmi ces sujets, celui du soutien à apporter aux Palestiniens en ce moment précis où ils ont engagé la bataille de la reconnaissance par la communauté internationale d’un Etat palestinien : « Cette demande est juste ! Et la Tunisie compte parmi les tout premiers pays à avoir clamé le droit des Palestiniens à jouir d’un Etat sur leur sol… Il n’est pas possible d’hésiter à soutenir les Palestiniens dans leur demande », a martelé M. Caïd Essebsi.

Autre point de convergence, sur lequel l’homologue turc reviendra plus longuement par la suite : « La Tunisie et la Turquie vont apporter tous les deux la preuve que Islam et démocratie ne sont pas contradictoires… Nous avons évoqué ce sujet, à savoir qu’un Etat juste est un Etat qui garantit la liberté de culte à tous et qui garantit contre l’extrémisme, aussi bien de gauche que de droite ». Avant de céder la parole à son invité, le Premier ministre tunisien a évoqué le volet économique de la coopération entre les deux pays, notamment le secteur du tourisme, pour lequel s’ouvrent des perspectives d’échanges et d’investissement. M. Erdogan lui-même abordera par la suite le sujet en rappelant comment, depuis son arrivée au pouvoir, le tourisme turque a connu une transformation de sa vocation, intégrant le tourisme de montagne, le tourisme de congrès, de santé, le thermalisme, le golf… Le volet économique, du reste, ne pouvait pas être un simple détail, étant donné que le Premier ministre turc est arrivé chez nous en compagnie d’une forte délégation d’hommes d’affaires. Dans tous les domaines, le renforcement de la concertation est donc à l’ordre du jour.

Les premiers mots que M. Erdogan a prononcés étaient adressés aux journalistes tunisiens, eux qui ont eu l’honneur et le privilège d’être aux premières loges lors de cette révolution du 14 janvier qui, elle-même, a inauguré le printemps arabe… « Puis sont venus l’Egypte, le Yémen, la Libye, la Syrie, Bahreïn ! » Une vague révolutionnaire au sujet de laquelle le Premier ministre forme le souhait qu’elle soit moins synonyme de sang versé que d’idées et de démocratie. Ce qui suppose, insiste-t-il, que la volonté du peuple soit respectée dans sa vérité, sans manipulation.
C’est à ce point précis que le Premier ministre turc a repris la formule déjà exprimée par M. Caïd Essebsi : « Les Tunisiens vont prouver que Islam et modernité vont ensemble » ! L’exemple turc est appelé à la barre : « Nous sommes musulmans à 99 % et nous l’avons fait. Vous pouvez le faire aussi ». […]

La Presse de Tunisie

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