Pour Patrick Weil (CNRS), la France ne peut abandonner la binationalité car elle permet «l’intégration» des immigrés, «l’égalité homme-femme» et le «rayonnement de la France dans le monde».
Très souvent, les gens ne savent même pas s’ils ont la double nationalité. Si on les force à le savoir, on les inscrit dans la double nationalité et dans un sentiment de discrimination.
Pourquoi cela a favorisé l’intégration ? Car quand vous ne dites rien, quand vous êtes indifférent, les gens n’y pensent plus. Alors que si vous n’arrêtez pas de les stigmatiser comme Claude Goasguen veut le faire, en les inscrivant sur un registre, les affecter d’un statut spécial, on contrevient non seulement à la Constitution, mais aussi à l’intégration. […]
Ce que ce débat marque, pour conclure, de la part de ces politiciens, c’est un manque de confiance dans la France, dans ses valeurs, dans sa capacité de rassemblement, d’unité autour de ses valeurs historiques. Après la Première Guerre mondiale, la France était dirigée par des républicains qui avaient confiance en elle, en ses valeurs historiques, les quatre piliers de la nationalité- l’égalité, la langue française, la mémoire positive de la Révolution et la laïcité que j’ai évoquées récemment dans un petit texte Etre français.
Aujourd’hui ces valeurs qui unissent les Français sont manipulées par un pouvoir qui cherche à les diviser : entre croyants et non croyants; entre musulmans et non musulmans et maintenant entre mono et bi nationaux. Autour de ses valeurs la France garde un énorme potentiel d’intégration et de rayonnement dans monde, et pour cela les binationaux sont un atout : il nous faut donc sortir d’un débat régressif et malsain qui nous rabougrit, sortir de ces divisions artificielles et se tourner vers un avenir à construire ensemble.