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Le sociologue Alain Mergier analyse les motivations des électeurs des «milieux populaires» qui envisagent de voter FN après avoir voté pour Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy en 2007. Une intention de vote qu’il qualifie «d’empathie de points de vue».

Ils ont le sentiment que ce sont eux et eux seuls qui font les frais des échecs de l’intégration auxquels ils sont physiquement confrontés.

L’événement est là, dans l’ampleur du phénomène «milieux populaires», dans ce qui est en train de surgir dans 30% de la population française. Certes, tous les électeurs des milieux populaires ne se tournent pas vers Marine Le Pen. Mais son potentiel électoral existe. Et il est probable que, d’ici à la présidentielle, cette logique se développe aussi dans les milieux intermédiaires au fur et à mesure que la dégradation sociale gagnera du terrain.

Ce que nous constatons contredit les explications habituelles du vote FN : ce n’est plus un vote ni de sanction, ni d’avertissement, ni de protestation, ni un vote par défaut. Le vote pour le FN de Marine Le Pen devient un vote «pour». Je ne dis pas qu’il est de conviction ou d’adhésion. […]

Les milieux populaires ne vivent plus sous la menace d’une crise, mais dans l’urgence de ces premiers dégâts. Cette détérioration de leur présent fait système avec le chômage. […]

La crise de la vie quotidienne s’articule avec une autre fragilisation qui, elle, a trait aux difficultés d’intégration des populations émigrées. La France, dont la dette est systématiquement évoquée par les personnes que nous avons rencontrées, n’a plus les moyens, affirment-ils, d’intégrer des flux d’émigrés qui s’intensifient, notamment suite aux révolutions des pays arabes. Les flux migratoires augmentent, tandis que diminuent les capacités économiques qui permettaient leur intégration.

Nos interlocuteurs, répétons-le, ont voté en 2007 pour le PS ou l’UMP, ce ne sont pas des électeurs historiques du FN : ils peuvent avoir un discours virulent contre les flux migratoires, sans tenir pour autant des propos xénophobes ou racistes. Leur position est imperméable à la contre-argumentation fondée sur les valeurs de tolérance. […]

Le Nouvel Obs

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