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La communauté chinoise en a assez des agressions. Réputée discrète et laborieuse, elle a gardé le silence pendant des mois sur les insultes, les vols, le racket dont elle est victime. Aujourd’hui, une nouvelle génération, plus éduquée et plus prospère que ses parents, décide de parler pour mobiliser les consciences et s’organiser contre cette sinophobie rampante.

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Agé de 22 ans, Heng est arrivé à 15 ans en France. Il suit des études à l’université et voudrait ouvrir une boutique de textile en France. Sous pseudo, il témoigne : « J’en ai vraiment marre d’être insulté au moins trois fois par semaine, “Chinetoque”, “Sale Chinois”, “Jackie Chan”. Il y a une véritable montée de sinophobie en France. » Puis il raconte comment son frère s’est fait agresser. Dans un café parisien, quelques mois après la manifestation, le jeune homme détaille timidement : « Les agressions, c’est quasiment tous les jours dans les quartiers où il y a des Chinois. Cela se passe le soir mais aussi en plein jour, parfois avec des armes, presque toujours pour de l’argent. »

Sur Internet, les propos se sont radicalisés, amplifiés par la colère et l’inquiétude, accusant parfois « les bandes d’Arabes et de Noirs » d’être à l’origine des troubles.

Président de l’Association des jeunes Chinois de France, Sacha Lin dénonce lui aussi : « Nous sommes devenus des proies faciles, des portefeuilles ambulants. C’est une anecdote mais j’ai surpris une conversation l’autre soir. Deux jeunes plaisantaient : “Tu n’as pas d’argent pour sortir en boîte, c’est pas grave tu trouveras bien un Chinois sur le chemin.”» Nombreux, devenus presque banals à Belleville, ces incidents restent difficiles à chiffrer. Au commissariat de quartier, on ne dresse pas de statistiques selon les origines des plaignants et on se garde bien de communiquer. Sur Internet, les propos se sont radicalisés, amplifiés par la colère et l’inquiétude, accusant parfois « les bandes d’Arabes et de Noirs » d’être à l’origine des troubles. A la mairie, l’affaire dérange. « Il s’agit d’une délinquance d’opportunité », appuie Frédérique Calandra, la maire du XXe arrondissement.

Après une enquête menée sur Internet en juin 2009, Hui Ji avait dressé un tableau édifiant : des vols sur la voie publique, des insultes, du racket accompagnés de violences à l’égard des Chinois, notamment des femmes, et concentrés dans l’Est parisien, à Belleville, à Aubervilliers ou en Seine-Saint-Denis.

Pourtant Belleville demeure un ­quartier relativement tranquille, très animé le week-end et où les communautés se côtoient au quotidien.

Paris Match

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