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Le début d’année devait être terrible pour l’euro, pour le Portugal, pour l’Espagne, pour la France même peut-être. Ce n’est pas ce qui s’est produit.

Giovanni Lanfranco, "Norandino et Lucina découverts par l'Ogre", 1624 (illustration pour Roland furieux, de l'Arioste)

Cela peut paraître étrange aux yeux des lecteurs de faire un éditorial sur un non-événement. Mais c’est bien de cela qu’il s’agit.

Tout au long du mois de décembre, début janvier encore, on a entendu que le début d’année serait terrible pour l’euro, pour le Portugal, pour l’Espagne, pour la France même peut-être. Après la Grèce, puis l’Irlande, tous ces pays allaient passer sous parapluie européen, en clair devoir être aidés par le Fonds européen de stabilité financière, pour résister aux investisseurs.

Des marchés qui refusent, parce qu’ils n’ont pas confiance, de leur prêter de l’argent à des taux d’intérêt supportables. C’est ce que l’on entendait, c’est ce qui se répétait, ce que titrait la presse (notamment anglo-saxonne).

Nous sommes le 31 janvier, et force est de constater que ce n’est pas ce qui s’est produit. Chez les gouvernements européens, dans les capitales, commence à courir l’idée, l’agréable idée, que le plus dur est peut-être derrière nous.

Deux éléments permettent d’abord de dire que le mois s’est bien passé. Le Portugal, il y a dix jours, a réussi une levée de fonds sans difficulté – même si c’est à un coût élevé. Le Fonds d’aide européen s’est lui aussi procuré de l’argent facilement. Et surtout, surtout, les taux d’intérêt se sont détendus.

Maintenant, ce qui a changé. Plusieurs points. L’engagement d’Angela Merkel en faveur de l’euro est désormais extrêmement clair, et a rassuré. L’Espagne, quant à elle, a promis d’agir pour ses banques et a fait passer des réformes difficiles, comme l’âge de la retraite qui va être relevé à 67 ans – avec l’accord des syndicats.

Autre élément, la parole européenne s’est remise dans le bon ordre, la communication est un peu moins désordonnée qu’avant Noël. Cela compte. Enfin, les modalités techniques d’intervention ont l’air de se préciser et Paris et Berlin ont manifestement pris les choses en main.

Donc, les semaines qui viennent seront a priori plus calmes. Evidemment, la prudence s’impose parce que ce sont des sujets très mouvants.

Techniquement, les experts qui suivent de près les marchés financiers relèvent que la détente a aussi une origine très précise. La Banque centrale européenne a racheté beaucoup de titres de pays en difficulté, a dépensé beaucoup d’argent pour cela. Dès qu’elle ralentit un peu, comme en fin de semaine dernière, les taux se tendent.

Sur le fond, maintenant, deux grandes questions restent sur la table. Les peuples européens vont-ils accepter durablement la rigueur qui leur est proposée ? C’est la question sociale. Et puis, quelle coordination les gouvernements européens, cette fois, vont-ils mettre en place sur leurs politiques économiques ? Il y a de vrais progrès sur la surveillance budgétaire, on ne voit rien sur les grands projets de croissance. Au total, espérons que février ne démentira pas janvier.

Ce sont les capitales qui ont la main, et non l’Europe de Bruxelles. José Manuel Barroso énerve Paris et Berlin. Quant à Herman Van Rompuy, le président de l’Europe, tout le monde en dit du bien, mais impossible de le vérifier puisqu’il ne parle pas et quand il parle cela ne fait pas de bruit. J’ai commencé par une non-information, je finis par une information : la dernière fois que l’AFP a titré une dépêche sur une de ses déclarations, c’était le 13 janvier. Avant la Tunisie, l’Egypte et l’euro. Dommage !

Les Echos

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