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Un lecteur de Fortune nous soumet le texte suivant, tiré de son expérience personnelle. Si vous avez des questions vous pouvez les poser dans les commentaires.

Gérer son budget nourriture lorsqu’on est étudiant, ce n’est pas simple. Alors ne leur parlez même pas de se nourrir bio ou local !!! Et pourtant c’est possible, nous l’avons fait.

Virginie de Sartorius - Un style de vie avec un panier de fruits (1828)

La mise en place d’un système de type panier AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) peut sembler complexe, mais le milieu étudiant associatif peut être un vrai allié et une réelle opportunité. Les facs, écoles d’ingénieurs, de commerce, etc., comportent souvent un tissu associatif important. Quoi de plus simple dès lors que de créer une association sur le même principe qu’une AMAP.

Il suffit de trouver suffisamment de bonnes volontés pour mener à bien le projet. Chose relativement aisée parmi les étudiants de nos universités. Pour faire aboutir ce projet nous étions deux au sein d’un établissement de trois cents cinquante étudiants. Après avoir évalué le nombre de personnes intéressées nous avons contacté les fermes avoisinantes ayant des activités de vente directe. Nous avons rapidement eu des réponses positives et démarré le projet.

Après deux semaines d’essai pour voir si les étudiants étaient bel et bien au rendez-vous, nous avons officialisé cette association avec le BDE (bureau des élèves). Travailler avec le BDE à comporte de nombreux avantages : assurances, compte en banque avec la possibilité de faire des avances conséquentes, etc.. .

Après un recensement auprès des élèves et des membres du personnel de l’établissement, nous avons lancé le projet. Contrairement à une AMAP l’engagement se fait sur un mois avec une participation obligatoire à la confection des paniers. Les paniers sont réalisés directement à la ferme avec le prêt des filets, caisses, balances, boîte à oeufs et autres par le producteur.

La ferme avec laquelle nous travaillons revend la production d’autres fermes plus spécialisées des alentours (système de coopérative) ce qui permet d’avoir de nombreux choix dans les paniers tout au long de l’année.

Une fois les paniers réalisés ils sont véhiculés jusqu’à l’école où ils seront distribués le lendemain, durant la pause. D’où la difficulté de proposer de la viande qui doit suivre la chaîne du froid (transport en véhicule frigorifique et stockage en chambre froide).

Exemples de paniers hebdomadaires :

Petits paniers (5€) :
1 kg de pomme de terre
1 kg de carottes
6 œufs
400 g d’oignons
1 céleri
1 kg de pommes

Gros paniers (13 €) :
2 kg de pomme de terre
2 kg de carottes
12 oeufs
1.5 Kg de pommes
1.5 Kg de choux
400 g de lentilles sèches
100 g de mâche
500 g d’oignons

Le problème de la viande peut être contourné en payant directement les producteurs. La législation n’est dès lors plus la même puisque l’association cesse d’être « revendeur » pour devenir « transporteur ». Ce mode de fonctionnement sous entend que tous les paiements sont versé directement aux producteurs, ce qui lui implique une comptabilité plus complexe.

Les prix proposés par le producteur n’ont rien à envier à ceux d’une grande surface (0,20€ le kg de pommes de terre), ce pour une autre qualité et surtout pour un autre mode de consommation… La ferme vient en effet d’être certifié BIO. Au bout d’un an c’est environ soixante-dix paniers qui sont réalisés chaque semaine soit un chiffre d’affaire d’environ 450 euros pour une ferme située à deux kilomètres de ses consommateurs.

Maintenant que ce projet est pérennisé, notre objectif est de permettre à une autre exploitation de se diversifier. L’exploitant, avec qui nous avons pris contact en parallèle, produit uniquement des pommes de terre qu’il revend à des centrales d’achat de grandes surfaces. Nous souhaiterions, en offrant à cet exploitant une clientèle stable, l’amener à diversifier lentement sa production afin qu’il puisse sortir du joug de la société de consommation de masse.

(Merci à Johan)

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