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L’Union européenne est dans une phase d’immobilisme. En Chine, en revanche, l’inflation est bien là, et chacun attend désormais une hausse des taux d’intérêt. «Les marchés comprennent mal l’euro», estimait voici peu Christine Lagarde. On peut se demander si, contrairement à ce que dit la ministre française de l’Économie, ce ne sont pas les dirigeants européens qui comprennent mal les marchés.

Lundi dernier, l’Ecofin (Conseil pour les Affaires Économiques et Financières) augmenté du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, et de celui du FMI, Dominique Strauss-Kahn, ont décidé qu’il était urgent de ne rien faire.

Inutile de renforcer le fonds de crise, stupide d’inventer des obligations européennes, impossible d’adopter une politique budgétaire commune… Et tant pis si demain les attaques reprennent contre le Portugal ou l’Espagne, ou pire.

Comme le dit Helmut Schmidt dans une interview reproduite mardi dernier dans le Monde, les responsables allemands affichent une totale méconnaissance des mécanismes des marchés:

«Wolfgang Schäuble a une bonne compréhension des problèmes budgétaires et fiscaux. Mais en ce qui concerne les marchés monétaires internationaux, les marchés des capitaux, le système bancaire, la surveillance des banques ou les banques fantômes, tout cela est nouveau pour lui. Il en va de même pour Angela Merkel

L’ancien chancelier allemand est, c’est le moins que l’on puisse dire, lucide. Tout comme Jacques Delors, lui aussi interviewé par le Monde, et très mécontent de la tournure que prend la situation économique et politique de l’Europe:

«L’Europe se laisse aller, traversée comme elle l’est aujourd’hui par ces effluves populistes et nationalistes, c’est le déclin assuré, même si nos gouvernants ne s’en rendent pas compte. Et même le meilleur élève de la classe européenne [l’Allemagne] y laissera des plumes.»

L’ancien Président de la Commission européenne a le mérite d’être clair.

Puisqu’on ne saurait mieux dire que ces anciens dirigeants européens, dans cette phase d’immobilisme de l’Union européenne, mieux vaut regarder ailleurs. Comme le chef de l’État français était en Inde, commençons par ce pays: il affichera cette année, qui s’achèvera en mars prochain, un taux de croissance de près de 9%. Une performance  d’autant plus remarquable qu’il n’y a pas de signes d’inflation, la hausse des prix devant passer de 8,58% actuellement à 6% en mars. «Le maintien de tels taux sur plusieurs années va cependant demander d’approfondir de façon significative les réformes entreprises», a commenté Pranab Mukherjee, le ministre indien des Finances.

Du côté de la Chine en revanche, l’inflation est bien là, et chacun attend désormais une hausse des taux d’intérêt, annoncée par les autorités dès la fin de la semaine dernière. C’est que l’indice des prix affiche une hausse de 4,4% sur un an en octobre, et pourrait passer rapidement à 5%. Et le contrôle des prix mis en place pour les denrées de première nécessité ne constitue pas une solution efficace.

On n’en est pas au premier tour de vis donné par les autorités monétaires, soucieuses de lutter contre l’inflation importée qui découle des énormes quantités de liquidités qui affluent en Chine. Mais cette fois, il s’agit d’être vraiment efficace. La réévaluation du yuan va sans doute s’accélérer, un bon moyen de lutter contre l’inflation importée et de donner davantage de pouvoir d’achat aux consommateurs chinois. Pour le plus grand bien des économies développées en quête d’espace pour leurs produits et d’emplois pour leurs populations.

La mise en musique de cette politique ne va pas être facile. Elle comporte aussi des risques, car le renforcement de la monnaie chinoise va également attirer des capitaux. Les responsables vont donc avoir une partie délicate à jouer. Mais ce changement concernera toutes les économies, bien au-delà de l’Asie.

Slate

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