Oskar Freysinger, élu du parti suisse l’Union démocratique du centre (UDC), a été empêché de s’exprimer dans le quartier de Schaerbeek à Bruxelles, un quartier majoritairement musulman. Sous la pression des élus, soucieux de ne pas rompre un équilibre instable entre communautés, sa conférence a été déplacée dans un lieu moins «sensible». Promenade dans un quartier où le «lien social» se maintient coups de subventions et de compromis.
“Bien sûr que nous ne sommes pas à l’abri d’une poussée islamiste se défend pour sa part la bourgmestre. Mais pour l’heure, notre digue tient. A preuve: l’extrême droite a été laminée. (Cécile Jodogne, bourgmestre libérale)”
A l’ombre de la mairie néogothique de Schaerbeek, typique de cette fin du XIXe siècle qui fut l’âge d’or de la Belgique industrielle, Hamid tire le rideau de son salon de coiffure. Comme tous les jours, ses clients ont patienté devant les images de La Mecque retransmises en direct par une chaine saoudienne. Le ton est donné.
Pour ce Marocain d’origine, naturalisé belge après avoir grandi à Bruxelles, la référence religieuse ne se discute pas. Schaerbeek est pour lui «un quartier musulman de Bruxelles», où les mosquées bien fournies en fidèles l’ont définitivement emporté sur les églises de plus en plus désertes. L’islam, ici, a porte ouverte et tête haute. C’est cette réalité qu’Oskar Freysinger a failli bousculer.(…)
Les Turcs y dominent «la petite Anatolie», à proximité de la basilique royale Sainte-Marie, toute en coupoles. Les Marocains sont chez eux près de la «cage aux ours», un square où s’entrecroisent les trams sur fond d’immeubles décatis. S’y ajoutent Bulgares, Roumains, Arméniens, Tchetchènes… «Notre victoire, c’est que ça n’explose pas, explique Tamimoun Essaidi, adjointe chargée de l’intégration. Cela grâce à notre travail avec toutes les communautés et toutes les religions.» (…)
«Bien sûr que l’on se sent en minorité, lâche Suzanne, une retraitée bruxelloise, après avoir pris l’avis du jeune curé roumain qui célèbre ce soir-là la messe devant six paroissiens. A l’hôpital voisin, il n’y a même plus de porc dans les repas.» Bruxelles n’est pas pour rien, de l’avis général, une capitale dépassée par son immigration, empêtrée dans un «vivre ensemble» plus imposé que désiré.