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Après l’époque des truands d’origine italienne, voici venue celle des caïds de cité principalement d’origine maghrébine : Tunisiens de la Villeneuve, associés aux Gitans, et Algériens de Fontaine. Ces bandes tiennent le marché local du cannabis et de la cocaïne. Depuis 1975, près de 50 personnes ont trépassé dans les vendettas de la pègre. Nulle autre ville française, à part Marseille, ne détient un si triste palmarès.

” Il faut 10 tonnes de haschich par an pour approvisionner cette ville de 300.000 âmes qui accueille 60.000 étudiants. Le gâteau que se disputent les gangs avoisine les 40.000 euros par jour ! ”

Grenoble, nouveau paradis des truands ? Si ce n’est leur penchant pour la violence, les malfrats qui s’illustrent aujourd’hui en Isère, n’hésitant plus à braver la police, n’ont rien à voir avec les Italo-Grenoblois des années 1970, versés dans le jeu ou la prostitution.

«Les ritals de mon temps se sont assagis et ont mis leurs enfants à l’abri du besoin», confie un ancien commissaire de la PJ. Ils ont recyclé depuis bien longtemps le produit de leurs rackets dans des bars et des pizzerias du centre-ville. Certains ont épousé leur avocate, ont investi dans l’immobilier et occupent même les tribunes officielles des stades les jours de grand match. Eux aspirent à la discrétion.

«Les appétits suscités par l’argent de la drogue sont énormes et ce sont des gosses de 20 ans qui se disputent les territoires, en dehors de toute hiérarchie, sans code, sans valeur, pas même la morale des voyous», se désole un magistrat grenoblois. Ces «incontrôlables» se classent en deux catégories : les braqueurs et les trafiquants. Ils habitent les mêmes barres, les mêmes tours, sont parfois amis.

Or, entre la Villeneuve et Fontaine, depuis 2003, la guerre des dealers est déclarée. Avec pas moins d’une dizaine de morts en huit ans, autant de blessés par balles, et des représailles qui n’en finissent pas. Les belligérants se poursuivent en ville, parfois en plein jour, vêtus de gilets pare-balles, un gyrophare sur le toit. Ils s’arrosent au 11.43, le calibre de la pègre, à la kalachnikov. L’un d’eux a commencé sa carrière de tueur à 19 ans. Un autre, abattu dans sa cour de prison, à Varces, en septembre 2008, aimait torturer ses victimes en les enfermant avec des molosses affamés dans une cave.

Grenoble et sa région abriteraient-ils des fauves ? Les chiffres officiels inquiètent, en tout cas. En Isère, sur l’année écoulée, la police et la gendarmerie ont ainsi pu comptabiliser une quarantaine de séquestrations. Et le nombre de vols à main armée contre des établissements financiers et commerciaux a littéralement explosé en un an, passant de 77 à 129.

La ville des Jeux olympiques d’hiver de 1968 n’est pas Chicago. Mais selon un fin connaisseur du milieu local, les voyous grenoblois d’aujourd’hui rêvent de marquer l’histoire du crime à Grenoble comme l’ont fait leurs aînés d’origine italienne, connus jusqu’à Paris.

Le Figaro

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