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Selon le département du Trésor des Etats-Unis, la chambre forte située sous le camp militaire de Fort Knox conserve actuellement un peu plus de 4 000 tonnes de lingots d’or [N.B. : au 30 novembre 2009, 147 341 858 onces à Fort Knox, soit 4 177 071 kilos ; voir par exemple ce logiciel de conversion – Fortune] ; ce pactole se veut un symbole de la solidité du dollar américain.

Ben Bernanke - "Bienvenue à Fort Tungstène"

Apparemment, ces millions de kilos de métal précieux attestent également de la force de l’euro ; en effet, l’été dernier, le journaliste Max Keiser a obtenu l’aveu d’un officiel selon lequel “presque tout l’or appartenant à la Bundesbank” est entreposé aux Etats-Unis.

La semaine dernière [fin novembre 2009], l’analyste Jim Willie a révélé que, en octobre, des banquiers de Hongkong auraient découvert des lingots en provenance des Etats-Unis contenant en grande majorité du tungstène recouvert d’or. Pas du tout surpris, l’auteur Rob Kirby a proposé l’explication suivante : il y a une quinzaine d’années, sous la houlette du président Clinton, environ un million et demi de tels lingots factices (d’un poids total de 16 000 tonnes) auraient été fabriqués sur l’ordre du gouvernement. La moitié de ces lingots aurait été transférée à Fort Knox.

Selon cette thèse, c’est Lawrence Summers, secrétaire au Trésor sous Bill Clinton, qui aurait eu l’idée de cette supercherie. En 1988, Larry Summers avait publié une étude intitulée “Le paradoxe de Gibson et l’étalon or”, dont la conclusion était sans appel : il serait possible d’augmenter la valeur des bons du Trésor en manipulant l’or à la baisse.

Le journaliste Bob Woodward, célèbre pour avoir déclenché le scandale du Watergate, est l’auteur du livre L’Agenda, à propos de l’administration Clinton. Dans cet ouvrage se trouve la citation suivante de l’ancien président démocrate, qui va dans le sens de cette théorie abracadabrante : “Nous sommes des républicains à la Eisenhower maintenant. Nous défendons des déficits plus faibles, le libre-échange et le marché obligataire. N’est-ce pas grandiose ? Nous aidons le marché des obligations et faisons du mal aux personnes qui nous ont élus.”

A la même époque, au cours d’une réunion du comité de la Réserve fédérale, le grand argentier Alan Greenspan avait fait cette déclaration sibylline : “Il y a une autre question que j’aimerais évoquer. J’hésite à le faire, mais laissez-moi vous dire quelques-uns des problèmes en question. Si nous nous occupons de psychologie [des marchés], alors les thermomètres utilisés pour la mesurer ont un effet. J’ai discuté en aparté avec le gouverneur Mullins [à l’époque, vice-président de la Réserve Fédérale des Etats-Unis] sur ce qui se passerait si le Trésor vendait un peu d’or dans ce marché. C’est une question intéressante parce que, si le prix de l’or devait s’effondrer dans ce contexte, le thermomètre ne serait pas seulement un instrument de mesure. A la base, il affecterait la psychologie sous-jacente.”

Traduction : pour qui souhaite prendre le pouls des marchés, le prix de l’or est une mesure importante. S’il est bas, c’est que le public fait confiance à sa monnaie et à ses papiers valeurs ; par conséquent, il était tout simplement possible de faire baisser artificiellement le prix de l’or par le biais de ventes de lingots, pour faire croire au monde que les investisseurs octroyaient leur confiance au gouvernement américain.

Le consultant David Jensen prétend qu’une manipulation sur le marché de l’or a démarré moins de trois mois plus tard, le 5 août 1993. Selon l’analyste Dimitri Speck, le fait que les ventes ne soient pas réparties sur l’ensemble de la journée, mais plutôt concentrées autour du moment où est déterminé le prix de clôture de l’or à New York, prouve qu’il s’agit de manipulation ; lui aussi affirme que le prix de l’or est trafiqué à la baisse depuis le 5 août 1993.

Le 2 février 2004, Jennifer Anderson avait publié un article dans le New York Post à propos d’un initié des marchés à terme sur l’or, soupçonné de malversations. Stuart Smith, l’homme en charge des opérations auprès du New York Mercantile Exchange, où s’échange la majorité de l’or de la planète, faisait alors l’objet d’une enquête du procureur de New York.

A l’époque, M. Smith était responsable de la qualité et des numéros de série des lingots achetés et vendus sous son autorité ; y aurait-il un lien avec les faux lingots ? Difficile de le savoir, car l’affaire a fait pschitt et les médias ne l’ont plus mentionnée par la suite. Toutefois, deux mois plus tard, la banque Rothschild déclarait se retirer du négoce de matières premières, y compris de celui de l’or ; pour éviter d’être liée à un tel scandale ?

Ron Paul, républicain du Texas à la Chambre des représentants et candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, a récemment proposé d’effectuer un audit de la Réserve fédérale. Malheureusement, sa proposition a selon lui été “éviscérée”. “Il ne reste rien”, a-t-il déclaré.

Si les responsables de la Réserve fédérale n’ont rien à se reprocher, pourquoi tant de mystères ? Comme il n’existe pas de preuves formelles que les coffres sont vides, le reste n’est que conjectures. Quelle pourrait être la réaction de la rue si les médias annonçaient, du jour au lendemain, qu’il n’y a quasiment pas d’or dans les coffres des principaux banquiers centraux de la planète ?

Quand les coffres de l’Allemagne de Weimar furent vides, la valeur du mark papier a été divisée par cent milliards en moins de quatre années ; tout cela servit de prélude à la dernière guerre mondiale. S’ils jouent les alchimistes afin d’émettre plus facilement de la dette pour payer les déficits, nos banquiers centraux se rendent-ils véritablement compte de l’enjeu final ?

MoneyWeek

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