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Anne Frémaux, professeur de philosophie, se définissant comme «une militante de gauche attachée à l’Ecole républicaine» explique pourquoi elle ne pourra pas voter pour Philippe Meirieu, tête de liste Europe Ecologie pour les Régionales en Rhône-Alpes, ex-directeur de l’IUFM de Lyon, professeur de «sciences de l’éducation».
Un grand défenseur des thèses «pédagogistes» selon lesquelles les mots effort, travail et discipline doivent être bannis à l’école devenue «lieu de vie».

Philippe Meirieu peut être considéré comme l’introducteur, en France, des nouvelles pédagogies importées des Etats-Unis et dont la dangerosité a déjà été analysée par Hannah Arendt dans les années 60 (voir à ce sujet La crise de la culture).
L’idée est la suivante : pour faire face à la massification de l’enseignement, il faut une «massification» de la culture. Les enfants des milieux populaires n’étant pas jugés aptes à bénéficier d’une culture traditionnelle, «classique» (qui sera donc dédiée aux élites), il faut leur réserver un apprentissage adapté à leur milieu social et à leur niveau. P. Meirieu eut à ce sujet cette phrase malheureuse qu’il dit ensuite avoir regrettée : « les enfants des classes populaires peuvent très bien apprendre le Français dans des notices d’utilisation » .
Véritable Macdonaldisation de la pensée, cette idéologie a été accompagnée d’un changement de vocabulaire dont la dangerosité n’a d’égal que son imbécillité : ainsi un élève n’est plus un «élève » mais un « apprenant», un ballon n’est plus un ballon mais un « référentiel bondissant», un «stylo» est devenu un « outil scripteur», autant de mots savants censés donner une légitimité scientifique à des experts ès éducation (sciences de l’éducation) qui n’ont jamais vu un «apprenant» de leur vie.
L’école n’est donc plus un lieu de «transmission du savoir» (le savoir étant considéré comme rébarbatif comme tout ce qui a trait à la contrainte éducative) mais un « lieu de vie » où nos jeunes sont censés s’épanouir de façon ludique – d’où les recommandations faites aux jeunes enseignants dans les IUFM de ne plus les corriger en rouge et de ne plus évoquer devant eux ce mot tabou qu’est le « travail ». (…)
Exit donc l’effort, la discipline, les estrades, le par cœur, les classiques, les cours magistraux…Bienvenue le ludique, les romans de gare étudiés en classe, la disposition de classe en U pour faire plus «cool», l’interactivité (c’est-à-dire les cours transformés en café du commerce…) et les TIC (technologies de l’information et de la communication : vaste programme présenté comme un sésame qui consiste à mettre les élèves devant des ordinateurs ou des films au lieu de faire cours…)…

Un cours réussi est un cours où l’enseignant parlera le moins possible, qu’on se le dise ! Le prof est conçu comme l’animateur (terme qui figure dans les textes officiels) d’un grand foutoir organisé destiné à satisfaire l’envie de plaisir et de jouissance des élèves (qui, en théorie, sont «naturellement» disposés à s’enrichir intellectuellement…Sorte de théorie du «bon sauvage» appliqué aux enfants).
(…) les établissement d’élite ayant, bien entendu, des régimes particuliers : on continue à y enseigner le grec, le latin, l’allemand, et bientôt l’histoire…autant de matières abrogées dans les autres. (…)
On pourra ensuite, toujours s’étonner que l’ascenseur social ne fonctionne plus et vouloir, pour y remédier, obliger les grandes écoles à diminuer le niveau de leur concours pour une minorité au nom de la discrimination positive. (…)
Je remercie, pour ma part, mon institutrice de campagne d’avoir eu une conception «élitiste» de l’enseignement ainsi que tous mes enseignants de collège et de lycée de banlieue populaire car ils m’ont ainsi permis d’accéder aux plaisirs de l’apprentissage et de la culture.
Source : Marianne 2

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