Fdesouche

L’emploi salarié a continué de baisser fin 2009 en France, même si le rythme des destructions d’emplois a un peu ralenti, a annoncé l’Insee.
Dans les secteurs principalement marchands, les effectifs ont baissé de 0,4% au quatrième trimestre, avec 56.500 postes perdus contre 76.100 (-0,5%) les trois mois précédents, selon ces chiffres provisoires qui sont corrigés des variations saisonnières.

Sur un an, l’emploi salarié a baissé de 2,5% à 16.019.000 personnes occupées, soit 412.000 postes perdus après déjà 144.500 en 2008.

Les données préliminaires de l’Insee n’englobent pas les entreprises de moins de 10 salariés, ce qui pourra entraîner des révisions importantes lorsque la statistique révisée sera publiée le 11 mars.


Au troisième trimestre, le chiffre préliminaire de 5.500 destructions d’emplois avait ensuite été révisé à 93.100, chiffre finalement ajusté à 76.100 pour tenir compte de moindres pertes dans le tertiaire (-17.500 au lieu de -27.700).
La publication de la statistique a coïncidé avec l’annonce d’une croissance de 0,6% au quatrième trimestre, qui montre que la reprise économique, enclenchée en France depuis le deuxième trimestre 2009, tarde à produire ses effets sur le marché du travail.
Les économistes estiment généralement qu’il existe un décalage de neuf mois entre le retour de la croissance et la reprise du marché de l’emploi mais, après la plus grave récession qu’ait connue la France depuis la deuxième Guerre mondiale, le délai pourrait être encore plus long.
Le PIB a reculé de 2,2% au total en 2009.
“2009 a été une année catastrophique, avec quasiment 500.000 chômeurs de plus, mais malgré tout si on regarde la chute d’activité par rapport aux destructions d’emplois on s’aperçoit que celles-ci ont été limitées, même si elles sont importantes en valeur absolue”, commente Mathieu Plane, économiste spécialiste de l’emploi à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
“Ce qui veut dire que l’ajustement du marché du travail n’est pas terminé. Si en plus les entreprises veulent récupérer ce qu’elles ont perdu en productivité, cela passera par de nouvelles destructions que l’on évalue à 250.000 en 2010 avec un taux de chômage de 10,5% à la fin de l’année”.
Le taux de chômage en France métropolitaine était de 9,1% à la fin septembre et l’Insee l’estime à 9,4% à la fin 2009 puis 9,8% à fin juin 2010, ses prévisions n’allant pas au-delà.
Le taux de chômage du quatrième trimestre ne sera pas publié avant le 4 mars mais Eurostat, l’agence de statistique de l’Union européenne, l’a chiffré à 10,0% en décembre.
“Si on peut penser qu’on est sorti de récession, très clairement sur le côté social le plus dur est devant nous”, ajoute Mathieu Plane.
Selon l’Insee, l’emploi a continué de diminuer dans l’industrie au quatrième trimestre (-1,6%, après -1,3% au troisième trimestre, soit 52.900 postes perdus) et dans la construction (-1,0% ou 14.900 postes perdus après -0,9%).
Au total, l’industrie a perdu 196.100 postes en 2009 et la construction 53.100.
Dans le tertiaire, l’emploi a en revanche progressé de 0,1% (+11.300 postes) au quatrième trimestre après -0,2% les trois mois précédents, grâce à l’intérim, mais l’année se termine sur un solde négatif de -162.800 postes dont -19.500 dans l’intérim.
L’emploi intérimaire, compté dans le tertiaire même s’il s’agit de missions dans d’autres secteurs, a encore gagné 28.400 postes au quatrième trimestre, soit une hausse de 6,0%, après +36.900 (+8,5%) les trois mois précédents.
Variable d’ajustement de l’emploi, les postes d’intérim avaient dégringolé au plus fort de la crise, entre le deuxième trimestre 2008 et le premier trimestre 2009, avant de se stabiliser au deuxième trimestre et de repartir en nette hausse depuis l’été, entre autres dans le secteur automobile très consommateur de travail temporaire.
“La redémarrage de l’intérim est un bon signe, mais le marché du travail n’est pas près de se redresser vraiment”, indique Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC.
“Les entreprises font appel à l’intérim ou recourent aux heures supplémentaires mais elles ne reprendront pas les embauches, tant qu’elles ne seront pas certaines que la reprise est vraiment là”.
Reuters

Fdesouche sur les réseaux sociaux