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Vous pensiez les banques tirées d’affaire, et l’économie en passe de l’être ? Vous n’y êtes pas du tout. Les banques n’ont retrouvé des marges qu’en spéculant sur les marchés financiers avec l’argent que leur a prêté le contribuable.

Une nouvelle bulle financière s’est formée, avec le risque d’une deuxième secousse dont les conséquences seraient bien plus graves que la première fois.

Alors même que les dépréciations d’actifs liées à la première crise n’ont pas été entièrement comptabilisées, que les fonds propres n’ont pas été reconstitués, que les faillites des agents économiques entraînent de nombreux défauts de paiement, le gonflement des dettes publiques fait peser une autre menace sur les banques : celle d’une hausse des taux d’intérêt, qui serait fatale à leurs activités sur les marchés.

Certains comme Dominique Strauss-Kahn l’ont bien compris, qui mettent en garde contre le risque d’un nouveau choc systémique, sans appel celui-là : « Je ne vois pas de parlementaire dans les pays développés qui ait des chances de revenir vers les électeurs dans quelques années pour leur dire : vous savez, vous tous, il va falloir que vous payiez de nouveau, parce que le secteur financier est de nouveau dans la mouise ». Et le directeur général du FMI d’ajouter que les parlementaires n’auront plus aucune pitié « quand ils verront comment le secteur financier s’est comporté après la crise ».
Est-ce la raison pour laquelle la banque centrale européenne plaide aujourd’hui pour que certains sauvetages de banques puissent être dissimulés au public ? Il semble que oui. L’institut de Francfort souhaite en effet que la future directive européenne sur la transparence financière autorise les banques centrales à garder secrets les plans de sauvetage bancaire lancés en urgence.
Dans un avis juridique publié sur le site internet de la BCE vendredi dernier, Jean-Claude Trichet écrit ceci : « Il y a lieu de maintenir la confidentialité des informations portant sur les prêts ou les autres facilités de liquidité accordés par une banque centrale à un établissement de crédit particulier, y compris l’aide d’urgence en cas de crise de liquidité, afin de contribuer à la stabilité du système financier dans son ensemble et de préserver la confiance du public en période de crise ». Et un peu plus loin : « Le bon fonctionnement du système financier impose une exception claire, étant donné qu’une évaluation de la nécessité de divulguer l’information au cas par cas est susceptible de mener à une impasse lorsqu’une réaction rapide s’impose ».
Priver le public (citoyen et contribuable) de son droit à l’information au nom de l’ordre et de l’efficacité, voilà qui en dit long sur l’idée que certains se font de la démocratie. On sait aussi où cela conduit parfois.
Olivier Demeulenaere

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