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Yves Michaud, philosophe, et Sébastien Clerc, professeur, animent des conférences sur le respect. Leur public : les enseignants des ZEP (zone d’éducation prioritaire). Ils leur donnent les «trucs» pour tenter d’asseoir leur autorité en classe et ne pas être débordé par des élèves de plus en plus agités.

Avec «la massification» de l’enseignement secondaire, l’école accueille désormais tous les publics, des plus remuants, dans les banlieues difficiles, aux plus studieux, dans les centre-villes bourgeois. Et les enseignants, surtout les jeunes qui, en France, débutent en ZEP, se sentent souvent désarmés.
Avant d’en venir aux sanctions, Sébastien Clerc explique comment il instaure un climat de respect. «Lorsque je dis bonjour à un élève, j’ajoute toujours : “Comment ça va ? Dans les fiches que je fais remplir, je demande aux élèves leurs musiques préférées, le dernier film qu’ils ont vu, etc. J’ai aussi créé un cours de politesse de deux heures. Un jour, j’ai demandé qui devait saluer en premier lorsque deux personnes se rencontraient : le plus vieux, le plus jeune, le plus petit, le premier arrivé ? Beaucoup ne savaient pas.»

Avec son allure juvénile, Sébastien Clerc, 33 ans, reconnaît qu’il n’a guère de charisme. Il a d’ailleurs souffert en débutant : «On m’a baptisé à l’encre, craché dessus, insulté…» (…) il recommande dans les affaires graves, de bien mémoriser les mots prononcés – du genre «vous êtes un bouffon» ou «je m’en bats les couilles» – pour qu’il n’y ait pas de contestation.
Le débat commence. Une professeure de secrétariat, à un an de la retraite, explique qu’elle a toujours «fonctionné à l’affectif et qu’elle ne voit pas comment faire autrement». Un autre remarque que «beaucoup d’élèves n’ont plus peur des notes» et que certains se disent même «fiers d’être de la racaille» : «Quelle échelle de notation adopter ?» Un autre souligne qu’un prof doit «aller à contre-courant de la société où la violence est valorisée, les familles n’y arrivent plus»…
Yves Michaud se met à décrire l’école de demain : «Vingt minutes de projection des cours par PowerPoint, puis quarante minutes d’interactivité, ce sera formidable.» Certains profs grincent des dents : «Les jeunes ont assez de technologie.»
Cette année, Sébastien Clerc s’est encore fait piéger à la rentrée. Ses élèves avaient coupé les sangles des stores. Puis ils ont éteint la lumière, plongé la salle dans le noir, et deux d’entre eux ont commencé à se battre. «Il n’y a pas de recette miracle», reconnaît-il.
Source : Libération

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