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Un directrice d’école maternelle en région parisienne fait part des difficultés de plus en plus grandes pour la gestion des particularismes alimentaires, essentiellement juifs et musulmans, dans les établissements scolaires.

A plus de 50 ans, dont trente passés dans l’Education nationale, cette directrice d’une école située dans un quartier réputé à haute mixité culturelle et religieuse : un hangar qui sert de mosquée jouxte l’école, une communauté loubavitch plutôt dynamique à proximité, et, dans l’école, une majorité d’enfants dont les parents sont issus de l’immigration. Elle affirme que les choses se sont compliquées seulement récemment avec les familles.
Que faire si un jeune Omar, dont les parents auront précisé à l’enseignant qu’il était musulman, réclame du rab de saucisses-lentilles à la dame de la cantine ? « En début d’année, je préviens les parents : je ne garantis rien en la matière. Je ne suis pas en mesure de leur promettre que ça n’arrivera pas.(…)»
Certaines écoles ont décidé de mettre en place des dossiers alimentaires complets précisant à titre individuel qui mange quoi. C’est cependant laborieux à mettre en place. Souvent, ceux qui tentent de concilier pragmatisme et exigeances des parents finissent par trier sans faire trop de détail. Les critères sont alors plus ou moins subtils : le prénom de l’enfant, la couleur de sa peau, etc.

La directrice qui nous a contacté s’inquiète de ce qu’elle regarde comme des dérives : «Une mère de famille m’a raconté un jour qu’elle était ulcérée qu’on refuse systématiquement à son fils les plats avec du porc. Le môme avait un joli petit prénom musulman. Sauf que jamais ses parents n’avaient demandé à ce qu’il évite le porc. La mère en avait ras le bol de le voir revenir le soir en ayant mangé des oeufs. »
Aux dires de cette directrice en Ile-de-France, les règles ont évolué : d’une interdiction de manger du porc, on passerait de plus en plus au refus de tout plat de viande, sauce bolognaise comprise. Elle affirme avoir observé ce changement chez les élèves de familles musulmanes mais aussi chez les juifs orthodoxes : « Certains parents ont tenté d’apporter un certificat de leur médecin de ville précisant que leur enfant ne mangeait pas de viande.»
Avec l’évolution des interdits certains plats tendent à disparaitre de la carte : fatigués par les casse-têtes récurrents, les chefs d’établissement finissent parfois par demander à la municipalité de supprimer tout simplement certains plats. Notamment ceux à base de viande, qui sont pourtant des classiques de la nourriture en collectivité, comme le hachis parmentier, les raviolis ou les laitages (qui comportent souvent des graisses animales).
Dans l’école de notre lectrice, il y a rarement de quoi servir autant de menus bis que d’enfants qui en souhaitent. Question de proportion culturelle à l’échelle de l’école.
L’Education nationale doit-elle s’adapter culinairement ou s’en tenir à une vision strictement laïque du menu ?
Source : Rue89

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