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Pôle emploi a-t-il trop d’argent ? On pourrait le croire, puisque le service public de l’emploi laisse courir une dette de l’Unedic qui s’élevait à 528 millions d’euros fin septembre. Une aubaine pour l’assurance-chômage, qui emprunte déjà sur les marchés pour faire face à un déficit cumulé de 5,6 milliards d’euros, fin octobre.

Ce “désintéressement” étonne. Avec la crise économique et l’explosion du chômage, la pression sur Pôle emploi s’est intensifiée – 500 000 chômeurs en plus cette année dont 150 000 indemnisés -, amplifiant le mal-être des agents. En pleine campagne pour les élections professionnelles, les syndicats ont beau jeu de réclamer plus de moyens et s’étonnent que la direction n’ait pas l’utilité du demi-milliard d’euros.

À partir de la fin du mois de juin, on s’est aperçu qu’on avait un niveau de trésorerie suffisant et il était de bon ton de ne pas pousser l’Unedic à s’endetter plus,” avance Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi. Le remboursement de cette dette de l’Unedic, qui représente deux mois de versement (juillet et août), n’a donc pas été réclamé.

Si Pôle emploi n’a pas besoin de cet argent, c’est que l’engagement de dépenses a été plus faible que prévu au premier trimestre, explique la direction. Le recours aux opérateurs privés (150 millions d’euros) ne doit intervenir que dans les prochains mois. Les dispositifs d’aide aux chômeurs, formation professionnelle et mobilité géographique, connaissent “une montée en charge plus lente que prévue.”

Jeudi 5 novembre, comme presque tous les mois – deux versements sont effectués, le 5 et le 25 de chaque mois -, l’Unedic a fait son chèque à Pôle emploi : 123 millions d’euros, soit près de 250 millions mensuels. Le montant du financement du service de l’emploi par l’Unedic a été fixé à 10 % des rentrées de cotisation chômage, par la loi du 13 février 2008 qui a créé Pôle emploi. Assis sur l’exercice certifié de 2007, cela donnait 3 milliards d’euros par an. “J’avais dit que ce montant, qui représentait une hausse de 3 % par rapport aux sommes versées avant à l’ANPE, était trop élevé”, rappelle Annie Thomas, vice-présidente CFDT de l’Unedic.

Cette créance de 528 millions d’euros inquiète aussi les partenaires sociaux pour une autre raison, plus politique. Ils craignent que l’État, qui verse à Pôle emploi 1,360 milliard d’euros par an, ne se désengage à terme du financement du service de l’emploi. La convention tripartite qui le lie à Pôle emploi et à l’Unedic court jusqu’en mars 2011. À partir de là, avec l’espoir que la crise soit terminée et le chômage reparti à la baisse, tout sera à renégocier. Le Monde

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