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Slimane Zeghidour, 57 ans, écrivain franco-algérien né en Kabylie, est chargé de cours à l’Institut des sciences politiques (Menton) où il enseigne la «géopolitique des religions». Il aborde pour El Watan, la question de l’immigration en France et en Europe.

Quand la génération qui a grandi avec les Maghrébins et les musulmans depuis la crèche et jusqu’à l’université arrivera au pouvoir, le regard sur le fils de l’immigré sera forcément différent. «Musulman» évoquera le copain d’enfance, le beau-frère, le voisin, mais jamais plus le taliban ou la burqa.”

Les Européens ont clairement besoin de migrants pour faire fonctionner l’économie

Le débat bruyant sur l’immigration n’est pas sociologique, c’est un enjeu électoral pour des classes politiques qui n’ont plus vraiment de solutions originales pour sortir du marasme économique, social, culturel. La Commission européenne, elle, admet qu’il faut des millions d’immigrants pour assurer la relève des populations et maintenir l’élan créatif du continent. Ce constant n’apporte rien au plan électoral tandis que le discours sur «l’invasion rampante» peut encore rapporter ou, à tout le moins, servir de diversion. Pour un temps…

Et ce débat sur le voile intégral. Il est tellement présent qu’on a l’impression que la France est envahie de burqas ! Le but n’est-il pas de stigmatiser les musulmans ?

Il y a un usage électoraliste de ce débat sur la burqua. Il y a, également, le discours néo-conservateur qui distille le même cliché, celui d’un «islam» uni tel un bloc et menaçant un autre bloc, l’«Occident». Or, en réalité, il s’agit là de concepts idéologiques. Il n’y a pas plus d’Islam uni que d’Occident soudé, Dieu merci ! L’orientaliste anglo-saxon, Bernard Lewis, n’a-t-il pas déclaré que dans un demi-siècle l’Europe «deviendra un appendice du Maghreb» ?

Il y a surtout, un paradoxe : c’est lorsqu’une minorité donnée commence vraiment à s’intégrer qu’elle provoque un maximum de rejet car, du coup, elle fait peur aux élites en place. Voyez un peu : s’il n’y a jamais eu un discours islamophobe aussi décomplexé qu’aujourd’hui, il n’y a jamais eu non plus autant de «musulmans» ministres d’Etat (France, Royaume-Uni), maires de métropoles majeures (Rotterdam et Manchester), ambassadeurs, artistes de renom, stars du showbiz, champions sportifs… Avec le temps, l’effet électoraliste va montrer ses limites.

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