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Les Irlandais ont été conviés à revoter ce dimanche sur le Traité constitutionnel européen, après le premier référendum de juin 2008. Le oui l’a cette fois emporté, sans que la proposition initiale n’ait été modifiée en quoi que ce soit. Laurent Pinsolle, blogueur dont nous avons déjà parlé, s’étonne de cet entêtement de l’Union Européenne face aux volontés populaires.


Ca y est : les Irlandais ont fini par dire « oui » au traité de Lisbonne. Le Monde, tout en nuance, proclame qu’il s’agit d’un « grand jour pour l’Europe ». C’est bien un grand jour, mais pour cette Europe, qui, depuis 25 ans, a construit un modèle technocratique et ultralibéral qui ne fonctionne pas.
La grande peur de l’Irlande
Certes, le traité de Lisbonne a gagné vendredi une légitimité démocratique, et cette onction populaire a le bénéfice de la clarté. Il faut dire que le contexte a sans doute beaucoup joué. La crise économique majeure que traverse l’Irlande (dont le PIB devrait reculer de 13% de 2008 à 2010) explique en bonne partie le revirement de l’opinion publique irlandaise. En effet, les Irlandais préfèrent sans doute traverser la catastrophe économique mondiale au sein de l’Union Européenne, plutôt que seuls.

Pourtant, la sévérité de la crise locale doit beaucoup aux dysfonctionnements introduits par les traités européens. Car si la crise a été si forte en Irlande, c’est parce que l’économie irlandaise a été boostée artificiellement par la politique monétaire complètement inadaptée de la BCE. Si les taux d’intérêts de la banque centrale européenne pouvaient être trop élevés pour la France et l’Allemagne, ils étaient en revanche beaucoup trop bas pour l’Irlande, entretenant une énorme bulle économique.
C’est donc tout le paradoxe de ce vote, à savoir que les Irlandais, victimes d’une crise provoquée par l’Europe, préfèrent faire allégeance au système qui a provoqué cette crise pour ne pas affronter seuls la crise ! Car si l’Irlande n’avait pas rejoint l’euro, alors la politique monétaire de leur banque centrale aurait pu prévenir la bulle financière. Il est dommage que les partisans du « non » n’aient pas su expliquer cette vérité aux Irlandais pour rééditer le « non » du référendum précédent.

Une négociation sans concession est-elle encore une négociation?
Malgré tout, les partisans du traité de Lisbonne pourront souligner que les Irlandais ont fini par accepter le traité. Mais la méthode européenne reste extrêmement contestable. Au moins, pour le traité de Maastricht, quand les Danois avaient revoté, ils avaient obtenu des modifications très importantes et des exemptions qui changeaient le sens global du traité pour eux. Là, pour le TCE, comme le traité de Lisbonne, les Français, Hollandais et Irlandais se retrouvent avec un traité quasiment identique à celui qu’ils avaient refusé.
Et même si, dans ces trois pays, une instance a fini par accepter le traité (seuls les Irlandais ont eu l’opportunité de s’exprimer à nouveau par référendum), comment ne pas être choqué par le fait de redemander un vote sur un texte équivalent à celui qui avait été refusé ? N’y avait-il qu’une réponse acceptable ? La démocratie ne suppose-t-elle pas de prendre véritablement en compte l’opinion du peuple ? Demain, faudra-t-il organiser des référendums où seuls les bulletins « oui » seront présents ?
Les Irlandais ont choisi d’accepter le traité de Lisbonne. Quelles que soient les raisons de leur vote, il faut l’accepter. En revanche, comment ne pas être scandalisé par cette Europe qui refuse de changer son orientation quand les peuples européens le lui demandent ?
Marianne 2

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