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De concert avec les autres pays du G20, la France a décidé d’utiliser l’arme budgétaire afin d’amortir les effets de la récession. Le déficit de l’État, des collectivités locales et de la Sécurité sociale devrait dépasser 8 % du produit intérieur brut (PIB) cette année comme l’an prochain, et la dette publique devrait ainsi atteindre 84 % du PIB fin 2010. Les 3 % de déficit et les 60 % de dette publique fixés par les normes européennes semblent donc bien loin.
Selon la formule du ministre de la relance, Patrick Devedjian, « quand il y a le feu à la maison, on ne regarde pas la facture d’eau » mais quand la situation se rétablira, la question du déficit se posera à nouveau. Certes, les rentrées budgétaires seront alors meilleures. Cependant la récession risque de laisser des traces pendant un moment sur la capacité à créer des richesses : une croissance molle est annoncée pour les prochaines années.

« Le déficit public structurel de la France [la somme des dépenses non couvertes en période de croissance normale] est évalué à 100 milliards d’euros, selon les derniers chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE]. Après la crise, une partie de ces 100 milliards pourra être comblée par des économies, mais le reste devra l’être par des hausses d’impôts », prévient Jean-Marc Daniel, professeur à l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP).

« Il existe un problème de cohérence entre ce que les entreprises et les ménages demandent de l’État, et ce qu’ils sont prêts à payer comme impôts », ajoute Mathilde Lemoine, économiste en chef de HSBC France. Elle pointe l’écart qui existait déjà en 2007 entre les dépenses publiques (52,4 % du PIB) et le taux des prélèvements obligatoires (44,5 %), la différence étant comblée par les recettes non fiscales (revenus des participations de l’État…) et l’endettement. Aujourd’hui, note Mme Lemoine, « les entreprises sont les premières à demander l’aide de l’État, mais elles veulent aussi une baisse des impôts et du déficit »…. Or, ajoute-t-elle, « si l’État limite les effets de la crise, cela se paye » !
Natacha Valla, économiste de Goldman Sachs spécialisée sur la zone euro, prévoit donc que les gouvernements devront préparer les opinions publiques à partir de la fin 2010 à des hausses d’impôts pour les années suivantes.
« Les hausses d’impôts devront toucher les ménages car il faudra préserver la capacité des entreprises à investir et produire la croissance, qui, elle aussi, réduira les déficits », assène M. Daniel. « Le meilleur outil serait la CSG (chaque point de CSG rapportant 10 milliards d’euros) : une partie de cette cotisation fiscale n’est pas déductible de l’impôt sur le revenu – si bien qu’elle est tout de même progressive -, et son assiette comprend les revenus financiers, juge M. Daniel. Mais le bouclier fiscal actuel rendrait ce relèvement injuste, car il ne toucherait alors que les classes moyennes. Il faut donc supprimer le bouclier fiscal mais aussi s’attaquer à son origine : l’ISF [impôt de solidarité sur la fortune], qui devrait être abrogé. »
Il prône, parallèlement, de réduire l’intervention de l’État et de « supprimer les aides directes aux entreprises, comme les allégements de charges liées aux 35 heures et aux heures supplémentaires, qui coûtent 30 milliards d’euros par an. Et donc d’en finir avec les 35 heures ». Il prescrit aussi de fermer le Fonds stratégique d’investissement (FSI) et récupérer ainsi 20 milliards d’euros… Le Monde

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