Fdesouche

Le Monde – 11 juillet 2009
Extrait de l’interview de J. Costa-Lascoux, spécialiste de la laïcité et de la sociologie de l’intégration. Membre du Haut Conseil à l’intégration, elle a dirigé l’Observatoire des statistiques de l’immigration.
Existe-t-il une dimension communautaire dans l’affaire Fofana ?
Le groupe [criminel] est hétéroclite, mais symptomatique de la “banalité du mal” qui se développe dans certains quartiers sur fond de fracture identitaire et d’affichage ethnique. La couleur de la peau, la religion, l’origine africaine sans cesse rappelée, les conditions de vie de la famille immigrée entassée dans deux pièces, le travail de la mère (agent d’entretien) jugé dégradant, sont exposés comme autant de stigmates par l’auteur des violences lui-même.
Ce qui, à d’autres époques, se serait exprimé en termes sociaux et de conflit de classes, se transforme en un masque ethnico-racial : l’expression la plus visible et la plus simpliste du communautarisme. On ne mesure pas à quel point les débats menés sur les catégories ethniques et sur les discriminations, y compris avec une certaine bonne conscience, ont éloigné des personnes psychologiquement déstructurées d’une culture du bien commun et de la citoyenneté, pour les enfermer dans un processus de victimisation et une défense identitaire primaire.
La jeune fille qui sert d’appât est un autre signe contemporain du crime. Elle est elle-même sous emprise, apparemment sans volonté propre (…) C’est l’une des caractéristiques des groupes violents actuels qui utilisent les charmes d’une femme-objet, le plus souvent “une blanche” “Elle, c’est une pute et c’est la seule blanche qu’on peut s’offrir”, me disait le membre d’une bande avec lequel j’essayais de parler, à Lyon. Le racisme et le sexisme s’allient pour avilir et manipuler l’autre comme un pantin. (Le Monde)

Fdesouche sur les réseaux sociaux