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« Les entreprises de l’industrie et des services détruisent un nombre record d’emplois. Le mouvement devrait encore s’accélérer. »

Évolution* des effectifs dans l’industrie et le tertiaire, en milliers

Jamais, au cours des quatre dernières décennies, l’économie française n’a détruit aussi rapidement une telle quantité d’emplois que fin 2008: le secteur marchand a perdu 117 000 emplois sur les trois derniers mois de l’année, portant à 141 000 le nombre total d’emplois détruits sur toute l’année. Selon les dernières prévisions de l’Insee, le mouvement accélère début 2009, avec probablement 387 000 emplois détruits au cours du premier semestre.
L’intérim, variable d’ajustement
C’est la chute de l’intérim (- 139 000 au total sur l’année 2008, dont – 85 000 emplois pour le seul quatrième trimestre) qui explique pour l’essentiel la dégradation éclair de l’emploi l’année dernière. Face au retournement brutal de la conjoncture, les entreprises ont en effet utilisé leur volant d’intérimaires comme variable d’ajustement. Si, dans les statistiques, cette dégradation affecte le secteur des services, elle est imputable en réalité pour l’essentiel au marasme de l’industrie: en plus des 74 000 emplois qu’elle a détruit en 2008, elle a en effet massivement réduit son recours à l’intérim, comptabilisé dans les services aux entreprises: – 91 000 emplois sur toute l’année.

A part les biens d’équipement, qui semblent mieux résister, aucune branche de l’industrie n’est épargnée, ni les biens de consommation, ni les biens intermédiaires (c’est-à-dire les biens utilisés par d’autres industries au cours du processus de production), ni bien sûr l’automobile. La chute de l’emploi industriel, à l’oeuvre depuis le début des années 1970, devrait s’aggraver encore en 2009, avec une prévision de plus de 140 000 postes en moins au premier semestre – sans compter l’intérim! En plein boom depuis le début de la décennie, le secteur de la construction avait quant à lui réussi à préserver ses effectifs en 2008. Mais il a lui aussi fortement freiné son recours à l’intérim (- 8,8%) et il devrait désormais subir une réduction sensible de ses effectifs permanents (- 38 000 au premier semestre 2009).
Le commerce aussi
Outre l’intérim, le reste des services donne aussi des signes d’essoufflement. Pour la première fois depuis 1993, le commerce perd des emplois (- 13 000 en 2008). Les services aux particuliers, sur lesquels le gouvernement compte beaucoup pour limiter le chômage, sont certes restés créateurs d’emplois (+ 45 000) en 2008, mais cette hausse est loin d’être suffisante pour compenser la dynamique négative à l’oeuvre dans le reste de l’économie. Selon l’Insee, les services devraient encore plus plonger dans le rouge au premier semestre 2009, avec une perte prévue de 205 000 emplois, presque le double de la baisse (- 110 000) observée au second semestre 2008.

(Source: Alternatives Économiques)

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