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Plus qu’un essai économique anti-conformiste. Une bombe.  Edifiant de par l’identité de l’auteur qui prête difficilement le flanc aux procès en “europhobie” : Christian Saint-Etienne (son site), fédéraliste européen,  est  professeur titulaire de la chaire d’économie industrielle au Conservatoire national des arts et métiers, professeur à l’université Paris-Dauphine et membre du Conseil d’analyse économique (CAE).
Il a été économiste au Fonds monétaire international et à l’OCDE.  Médiatique, il est connu pour ses livres de vulgarisation économique ayant obtenus de nombreux prix, mais aussi pour avoir été un des principaux conseillers de François Bayrou pour la rédaction de son projet en 2007 !
La lecture de cet ouvrage est édifiante. Saint-Etienne reprend à son compte toutes les critiques souverainistes anti-Maastricht, validant les analyses du FN et du MPF exposées depuis 15 ans sous les sarcasmes, les procès en archaïsme et nationalisme délirant.
Il consacre un sous-chapitre à Maastricht, titré  “Une erreur fondatrice” :

” Il aurait ensuite fallu prendre conscience lors de la négociation du traité de Maastricht en décembre 1991, alors que l’Europe ne comptait que douze membres ayant les mêmes niveaux de vie et des systèmes de protection sociales proches, que l’intégration des politiques devait comporter un volet d’harmonisation du contrat social. En d’autres termes, c’est une contradiction mortelle que de laisser s’instaurer une concurrence fiscale et sociale au sein d’une Union monétaire” page 67


Sur le mythe de l’Europe puissance :

” Que le directeur de l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne écrive dans une revue intellectuelle prestigieuse que “l’Union a pour fondement le rejet de la politique de puissance” montre à quel point les responsables de l’Union européenne se trompent sur le monde. Cet aveu explique magistralement pourquoi l’Europe est impuissante dans le monde. Deux exemples l’attestent. La parité entre l’euro et le dollar est décidée par la Chine et les Etats-Unis en fonction de leurs intérêts stratégiques fondamentaux. Israel détruit régulièrement tous les équipements civils construits à grands frais dans la bande de Gaza par l’UE sans que cette dernière réagisse autrement qu’en planifiant la nouvelle vague d’investissements qui serviont de cibles d’entrainement à l’armée du puissant Israel. “page 76

L’économiste peste contre l’adoption discrète de la directive Bolkestein, dénonçant l’adoption du principe du pays d’origine permettant un dumping salarial généralisé, auxquels sont déjà confrontés les chauffeurs routiers français troqués contre des Polonais et Roumains facturant selon leur propres droit fiscal national.
A grand renforts de chiffres et de tableaux comparatifs entre pays de la zone euro (handicapés) et hors zone euro (ayant une croissance supérieure), l’économiste démontre qu’en raison des énormes disparités de profils des Etats-membres en terme de déficit, de secteurs clés, de taux de chomage, de fiscalité, de taux de prélèvements, sans parler de l’ incompétence de la BCE (ajustant ses taux avec 2 trains de retard) et de son absence de contrôle politique, mener une seule politique monétaire est une folie. Folie dont il estime avoir couté plusieurs points de croissance à une France dont l’export est sabré par l’ impératif allemand de l’euro fort. Pour Saint-Etienne, la question n’est pas de savoir si l’Euro va survivre mais quand et comment sa fin se précipitera : “cet éclatement sera, au mieux, ordonné, au pire, dévastateur” page 121
Ses critiques sont à rapprocher de celles de Milton Friedman, le célèbre  prix nobel d’économie monétariste décédé récemment, qui avait parié sur un éclatement de la zone euro pour les mêmes raisons…sans être écouté par les idéologues européistes.
L’ économiste propose une voie de sortie raisonnable et techniquement sûre, un retour au Système monétaire européen qui avait démontré son efficacité dans les années 80, basé sur un Ecu référent, empêchant aux Etats de recourrir à des dévaluations compétitives exagérées  et de limiter la fluctuation des taux de change au sein d’un serpent monétaire faisant office de garde fou, comme il le prouva dans le passé.
Christian Saint-Etienne, La fin de l’Euro, Bourin éditeur, avril 2009. 16 euros…

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