Dans le film Entre les murs, un « prof-courage » tente d’écouter ses élèves incompris. Dans le quartier où a été tourné le film, la moitié des enseignants demandent leur mutation, les bobos fuient l’établissement et la violence déstabilise le cadre pédagogique.
« Le collège Dolto, le but du jeu dans le quartier, c’est d’éviter d’y envoyer ses gamins ! », explique un ancien instituteur. Le film de Laurent Cantet prétend dresser le portrait réaliste d’un établissement ZEP. Mais lorsqu’on écoute les profs et les instits du quartier, on se dit qu’Entre les murs, film à l’épaisse couche de bons sentiments, aurait surtout fait un bon dessin animé pour enfants.
D’après les enseignants du quartier, si le portrait des profs du collège Dolto est assez fidèle, il manque cependant un morceau du puzzle. « La moitié des enseignants ont demandé à être réaffectés dans les arrondissements voisins. » Dans la réalité, ils doivent affronter « la loi de la jungle » dans les couloirs. « Les bobos fuient Dolto », explique une enseignante.
« J’ai vu des bagarres d’une violence terrible entre élèves, se souvient un enseignant. Les profs devaient s’interposer, prenaient des coups. » Même en CM2, l’ambiance n’est pas brillante : « j’avais pris deux jours de formation, se souvient un instituteur. Au bout d’une journée et demie, ma remplaçante m’a appelé : elle s’était fait insulter, menacer, les élèves partaient de son cours… et les collègues n’avaient rien trouvé à redire ! »
« Beaucoup d’instit ont la vocation et ne disent pas leurs problèmes car ils ne veulent pas stigmatiser les enfants. Qu’ils restent dans leur merde !» témoigne un autre. (source) (via Wilfried)