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Publié le vendredi 30 janvier 2009 à 07H34

Huit personnes mises en examen, 300 000 € de préjudice Le principal suspect est originaire de la cité Font Vert où il avait créé des associations dont certaines fictives.

Huit personnes, dont plusieurs membres d’une même famille, se trouvaient toujours au palais de justice de Marseille, hier soir, après leur mise en examen pour détournement de fonds publics, abus de confiance, faux et usage de faux. Quatre d’entre elles pourraient même être écrouées dans la nuit. Les magistrats, dont le juge d’instruction Franck Landou, leur reprochent d’avoir utilisé frauduleusement l’argent de subventions allouées à des associations fictives, basées essentiellement dans les quartiers Nord de Marseille (lire notre édition du 12 décembre dernier).

Ces structures, dont l’unique existence était souvent administrative, auraient reçu jusqu’à 300000 euros du Conseil régional et, dans une moindre mesure, du Conseil général des Bouches-du-Rhône. “Nous avons pu mettre au jour des demandes de subventionsétayées par de faux documents, indiquait-on hier soir de source judiciaire. Sur les comptes de ces associations, il y a un fonctionnement atypique, avec des décaissements bizarres.” L’enquête, initiée par Tracfin, la cellule de lutte contre le blanchiment, durait depuis plusieurs mois. La brigade financière de la police judiciaire avait déjà mené ses investigations auprès de membres de ces associations.

Des documents avaient également été saisis dans des bureaux du Département et de la Région, qui s’est depuis constituée partie civile. L’un des collaborateurs du groupe PS au Conseil régional est d’ailleurs mis en examen dans ce dossier. Au coeur des malversations, un homme semble jouer un rôle majeur. Originaire de la cité Font Vert, RMiste, il serait à l’origine d’une vingtaine d’associations. Toutes n’auraient jamais connu la moindre activité.

Elles n’existent que sur des documents à la préfecture, témoignait hier soir l’une des connaissances du principal suspect, âgé d’une quarantaine d’années. Il allait voir les gens et leur disait ‘si tu viens avec nous, tu seras gavé d’argent’. Moi-même, j’appartenais à l’une de ses associations et je ne le savais même pas. Toute sa famille était enregistrée et personne n’était au courant.”

Les investigations vont se poursuivre, afin de mieux cerner les responsabilités de chacun des suspects, mais aussi pour comprendre comment de telles sommes ont été utilisées. “Il y a encore énormément de choses à clarifier, confirmait-on de bonne source, hier soir. L’enquête est très loin d’être bouclée.

Par Romain Luongo ( rluongo@laprovence-presse.fr )

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Publié le mardi 10 février 2009 à 07H26

Des fonds publics alloués à des associations ont-ils servi les intérêts d’élus dans le cadre de leur campagne électorale ? Cette question-là commence à perler de plus en plus ostensiblement dans le cadre de l’enquête sur les détournements d’argent dont le Conseil régional a été victime, pour un montant aujourd’hui évalué à environ 700 000 € (notre édition du 30 janvier).

Aujourd’hui, seuls les responsables de ces associations décrites comme des “coquilles vides” et qui ont bénéficié de ces subventions, ont été mis en examen et certains écroués, dont Benyoub Same. Âgé d’une quarantaine d’années, il est soupçonné d’être à l’origine d’une dizaine d’associations fictives et très généreusement financées.

Mais, selon une source judiciaire, l’objectif est désormais de comprendre comment de telles sommes ont pu quitter les caisses de la Région : “Ce qui compte aujourd’hui, c’est le départ de ces sommes d’argent. Nous cherchons à prouver que certains ont permis à des fonds publics d’alimenter ces associations bidons. À la limite, le pourquoi, cela nous intéresse moins.

Parmi les mis en examen dans le dossier instruit par le juge Franck Landou, figure Roland Balalas. Secrétaire général du groupe PS du Conseil régional, il est aussi attaché parlementaire de la députée Sylvie Andrieux, depuis 2002. A-t-elle cautionné les pratiques que la justice reproche aujourd’hui à son collaborateur ?

L’élue se dit sereine : “Dans ce dossier, il y a des négligences administratives béantes. Moi, je suis complètement à l’aise. Je suis une vieille bique de la politique et j’ai une bonne image. Quand on a 165 000 habitants dans sa circonscription, vous croyez que c’est une association qui va vous aider à gagner des élections ?”

Les personnes mises en examen et placées sous contrôle judiciaire auraient par ailleurs interdiction d’entrer en contact avec la députée, ainsi qu’avec Georges Gross, conseiller d’arrondissement PS du 7e secteur, et Denis Rossi, conseiller général PS de Saint-Barthélémy.

Une disposition dont il s’étonne puisqu’il n’est pas, comme les autres élus, mis en cause dans ce dossier, tout comme l’institution à laquelle il appartient : “Ni la police, ni la justice ne m’a demandé quoi que ce soit. C’est quand même extraordinaire de n’être informé de rien ni consulté. La PJ est simplement venue au Conseil général pour vérifier des dossiers d’associations qui, en plus, n’ont bénéficié d’aucune subvention du Département.

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“Les assos, c’est devenu politique”

Certains témoins dans des cités de quartiers Nord parlent de pratiques édifiantes dans le milieu associatif.

Des subventions pour acheter la paix sociale, voire des bulletins de
vote, dans les quartiers Nord ? C’est aujourd’hui le sentiment de plusieurs habitants, témoins des pratiques qui se font jour, selon eux, depuis plusieurs années dans certaines cités. Ils ont tenu à garder l’anonymat, mais décrivent des situations parfois aberrantes .

“Les associations, c’est devenu politique. À leur tête, il y a des petits caïds, confie Samia (*). Ce sont des chefs de bande, parfois d’anciens dealers, qui reçoivent énormément d’argent et qui font ensuite pression sur les gens. Pendant les élections, ils sont dans les bureaux de vote. Si vous avez pris plusieurs bulletins, ils vont jusqu’à vérifier celui que vous avez jeté dans la poubelle de l’isoloir. Ils sont au moins deux ou trois dans chaque bureau. Les gens, ils n’ont plus le choix après ça.

D’autres, comme Samir, parlent de faits tout aussi effarants. Comme ces prêches dans des mosquées, le vendredi : “La plupart des mosquées ont le statut d’associations et reçoivent de l’argent des institutions. Eh bien, dans certains prêches, au moment des élections, des imams n’hésitent pas à terminer en évoquant tel ou tel élu. C’est incroyable.”

Enfin, il y a les sommes d’argent parfois astronomiques, qui seraient versées, grâce à des systèmes connus de tous. Saïd a été sollicité par l’une de ses connaissances. Mais il a refusé : “J’avais une association et j’attendais qu’on me subventionne. Quelqu’un m’a dit : ’Pourquoi tu ne fais pas une fausse facture comme tout le monde ?’ Je n’avais aucune envie de tomber là-dedans. Sauf que je n’ai rien eu. Pendant ce temps-là, j’entendais d’autres parler de dizaines de milliers d’euros distribués. On les connaît ceux qui profitent de tout ça, on a grandi avec eux. Il y en a même un qui avait un bar. Il a transformé les statuts, il est devenu associatif. Grâce à cela, il a reçu assez d’argent pour le rénover entièrement.

(*) Les prénoms ont été changés.

Par Romain Luongo ( rluongo@laprovence-presse.fr )

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Détournement de fonds publics : perquisition à la Région

Publié le samedi 25 avril 2009 à 11H56

L’enquête sur les présumés détournements de fonds publics au préjudice du Conseil régional, sur fond de financement d’associations fictives, s’est poursuivie dans les locaux de la Région à Marseille, jeudi, avec une longue perquisition menée par la police.

Selon nos informations, les enquêteurs de la brigade financière de la police judiciaire ont investi le troisième étage de l’institution, où sont situés les bureaux du groupe régional du Parti socialiste. Des témoins sur place auraient vu les policiers repartir avec de nombreux documents.

L’enquête, lancée en 2008 après un signalement de Tracfin, la cellule de lutte contre le blanchiment, avait conduit à une première mise en examen, en juin 2008, d’un collaborateur du groupe PS de la Région. La PJ avait ensuite lancé une deuxième vague d’interpellations en janvier 2009, avec huit personnes mises en cause, dont certaines ont été écrouées.

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