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Le Dow Jones a terminé la séance du 14 octobre au-dessus des 10 000 points. Le vénérable indice boursier américain avait franchi ce cap pour la première fois grâce à la bulle des nouvelles technologies. La bulle immobilière, elle, lui avait permis de soutenir la performance pendant cinq ans. Les séries statistiques historiques semblent indiquer qu’une nouvelle bulle est en train de se former.
Si l’on se fie à l’exemple de la Grande Dépression ou encore à celui des années 1970, le Dow Jones pourrait encore osciller de nombreuses années autour des 10 000 points.
Le 22 février 1995, l’indice accrochait pour la première fois le seuil de 4 000 points. C’est le jour où Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), avait évoqué l’idée d’un assouplissement de la politique monétaire. A cette époque, l’économie américaine entamait sa quatrième année d’expansion, et le cours des actions avait progressé de 50 % par rapport au plus haut atteint avant le krach de 1987.
Il est logique de retenir ce niveau de 4 000 points comme approximation de la valeur raisonnable du Dow Jones à ce moment-là, quand la croissance et l’optimisme étaient modérés.
Actualisons-le en lui appliquant la hausse du produit intérieur brut (PIB) nominal constatée depuis, qui traduit, en principe, l’évolution de la valeur et des bénéfices des sociétés, et supposons que la croissance du PIB nominal ait été de 4 % en rythme annuel au troisième trimestre. On obtient ce qui devrait être la valeur raisonnable de l’indice aujourd’hui : 7 800 points.

Au regard de cette référence, il est clair que le marché boursier est entré dans une phase de bulle. Il a progressé de plus de 50 % par rapport à la séance du 5 mars.

A ce moment-là, cela faisait un an que la Fed maintenait les taux d’intérêt proches de zéro. Celle-ci sera bientôt contrainte de relever ses taux, que ce soit sous le coup du retour de l’inflation ou en raison du cours élevé des matières premières. Les marchés en pâtiront certainement… Enfin, si les investisseurs n’ont pas déjà lancé le mouvement de repli.
Le Dow Jones a mis vingt-cinq ans à surpasser le record établi en 1929, avant la Grande Dépression. Toutefois, si l’on retient un taux de croissance du PIB de seulement 4,2 %, alors la valeur légitime de l’indice ne repassera la barre des 10 000 points qu’en 2015, soit seize ans environ après la première fois. Seize ans, c’est aussi le laps de temps qui s’était écoulé entre 1966, année où le Dow Jones avait inauguré le seuil des 1 000 points, et 1982, où il avait repassé le même seuil, cette fois pour de bon.
La configuration actuelle ressemble plutôt à celle des années 1970 : croissance faible, taux d’intérêt bas et hausse du cours des matières premières. Cela confirmerait que, une fois de plus, les investisseurs ont perdu le sens des réalités.
Le Monde
(Merci à Jean Bal)

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