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GRAND RÉCIT – Nés en 1928 en Égypte pour y réislamiser la société, les Frères musulmans se sont implantés en Europe à la faveur de l’immigration musulmane. Ils y travaillent, sous des dehors pacifiques, à éliminer la civilisation occidentale par un travail d’influence et d’infiltration.

Cet article est extrait du Figaro Histoire « Le réveil de l’islamisme. D’un califat à l’autre. 1924-2014», 130 pages, 11,90 €, disponible en kiosque et sur le Figaro Store. Retrouvez dans ce numéro un dossier spécial pour tout comprendre sur cet enjeu majeur du monde contemporain.

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La stratégie des Frères musulmans privilégie l’action sociale sur le terrain. Dès les années 1930, l’organisation développe en Égypte un réseau impressionnant d’institutions : écoles, dispensaires, coopératives, clubs sportifs, scouts musulmans. Cette approche permet de toucher toutes les couches de la population et de créer une contre-société islamique. Les écoles des Frères musulmans proposent un curriculum alliant enseignement religieux traditionnel et matières modernes, formant ainsi une nouvelle génération d’islamistes éduqués et militants. Al-Banna développe une méthode de prédication (da’wa) remarquablement souple. Il recommande d’adapter le discours selon l’auditoire, d’utiliser un langage simple et accessible, d’éviter les controverses théologiques abstraites qui pourraient entraîner la fitna (la division de la communauté). Les prêcheurs sont formés aux techniques de communication et encouragés à utiliser tous les moyens disponibles : presse, radio, théâtre. (…)

Il ne s’agit pas de faire des musulmans des communautés repliées ou à part mais au contraire de les placer au centre du jeu pour qu’ils transforment la société tout entière, la rendent « charia-compatible » afin qu’elle se donne d’elle-même à l’islam. Les musulmans d’Europe ont une nouvelle mission, islamiser les sociétés où ils sont nés. Ils doivent s’intégrer sans s’assimiler, être performants et devenir ainsi les meilleurs ambassadeurs de l’islam. (…)

Avec la migration des militants islamistes vers les démocraties libérales, un tournant idéologique s’opère, qui fracture les Frères musulmans. D’un côté, une aile radicale, fortement influencée par les écrits de Saïd Qotb, bascule vers une vision insurrectionnelle jihadiste. (…)

D’un autre côté, à partir des années 1960, autour de figures comme Saïd Ramadan depuis le Centre islamique de Genève, Youssef Nada et son réseau financier, puis dans les années 1980, en France, Ahmed Jaballah, Zuhair Mahmood et Abdallah ben Mansour, membres fondateurs du GIF (Groupement islamique en France) qui deviendra, en 1983, l’UOIF (Union des organisations islamiques en France), une aile réformiste et pragmatique émerge parmi les Frères réfugiés en Europe et en Amérique du Nord (Lorenzo Vidino & Sergio Altuna, The Muslim Brotherhood’s Pan-European Structure, Documentation Centre Political Islam, 2021). Dans les démocraties libérales séculières, ils ont toute liberté de réunion et d’expression.

Les Frères optent alors pour une stratégie d’influence à long terme, non plus tournée vers le retour, mais vers la transformation des sociétés d’accueil elles-mêmes en misant, notamment, sur les enfants de l’immigration musulmane qui devront être les ambassadeurs de l’islam en Occident. Là, interviennent les fils de Saïd Ramadan et notamment Tariq Ramadan qui sera la cheville ouvrière de la réislamisation des enfants et des femmes. (…)

Le Figaro

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