Figure tutélaire de la gauche universitaire, Esther Duflo tourne le dos à l’Amérique de Trump pour rejoindre la Suisse. La lauréate du prix Nobel d’économie 2019, soutien affiché de la taxe Zucman et de la gauche française, quittera le MIT de Boston en juillet 2026 pour établir avec son mari Abhijit Banerjee un centre consacré à « l’économie du développement et aux politiques publiques » à l’université de Zurich. Le projet est intégralement financé par une donation colossale de 26 millions de francs suisses (soit 28 millions d’euros) provenant de la Fondation Lemann, émanation du milliardaire brésilien Jorge Paulo Lemann, 85 ans, installé lui aussi en Suisse.
Ce départ survient alors que la chercheuse dénonce depuis des mois les « attaques sans précédent contre la science » menées selon elle par Donald Trump et ses alliés conservateurs. À Zurich, elle dit vouloir « développer et élargir (ses) travaux, qui combinent recherche universitaire, mentorat étudiant et impact politique concret ». À 52 ans, celle qui préside aussi la Paris School of Economics et occupe une chaire au Collège de France choisit donc la neutralité suisse, loin des campus américains en crise.
Beaucoup y voient une fuite des élites universitaires progressistes vers un refuge européen fiscalement accueillant : une « Nobel de la pauvreté » s’installant dans le pays le plus riche du continent, grâce à la fortune d’un magnat de la finance — tout un symbole.