Depuis deux mois, la tension est palpable au sein du Quick de Mérignac, à l’ouest de Bordeaux. Tout a commencé le 1er août, quand un nouveau franchisé, Mehdi Smaine, a repris le restaurant fast-food. Le point de départ d’une véritable «descente aux enfers», selon plusieurs salariés.
Sous sa direction, les employés affirment avoir vu les conditions de travail se détériorer rapidement. «En vingt ans de restauration rapide, je n’ai jamais vu ça», déplore Hayat El Ghannami, directrice du restaurant.
L’un des premiers points de discorde : le nouveau règlement intérieur de l’établissement, que Le Figaro a pu consulter. Celui-ci imposait initialement d’avoir «le visage rasé à blanc du jour» pour les hommes, ou interdisait «de porter du henné» et «des pauses pour rompre le jeûne pendant le Ramadan». Des consignes perçues comme «islamophobes» et «discriminatoires» par la majorité des membres du personnel. Selon Hayat El Ghannami, la direction aurait même «proposé des ruptures conventionnelles à ceux qui refusaient de se raser», sous peine de licenciement, alors que les recommandations de Quick France imposent seulement un masque «cache barbe».
« Les salariés sont en grande majorité de jeunes étudiants, issus de milieux populaires et d’origine étrangère. En rédigeant des règles qui visent notre façon d’être, Mehdi Smaine cherche à nous faire partir pour nous remplacer par une équipe plus blanche », estime la directrice, qui assume un conflit ouvert avec son patron.
Autre sujet sensible : le port du voile. Le règlement intérieur stipulait qu’il était interdit dans les zones réservées au personnel, une mesure touchant directement trois employées. «On est face à de la discrimination pure et dure. L’un des collaborateurs du franchisé est arrivé et au bout de quelques jours, il a dit :”ils ont tous le même faciès”, en parlant des salariés», raconte encore Hayat El Ghannami. […]
Hayat El Ghannami pointe un double discours de la part du propriétaire : « D’un côté, il profite d’une clientèle majoritairement musulmane [Quick vendant des produits halal depuis 2021 – ndlr], mais de l’autre, il refuse que ses salariés musulmans soient visibles. » […]