Un « environnement extrêmement tendu ». A Vaulx-en-Velin, plusieurs écoles vivent désormais dans la peur. La raison ? Des dealers se sont postés aux abords de ces établissements intensifiant leur trafic de drogue depuis plusieurs semaines.
« Cette situation a toujours existé. Mais, quelques années auparavant, il y avait une sorte de trêve informelle jusqu’à 18 heures. On respectait le temps de l’école et il n’y avait pas d’incident notable, témoigne un enseignant. Il y avait une sorte d’étanchéité entre l’école et les points de deal. Tout ce qui était impliqué par les trafics, restait cantonné au soir. Or, depuis deux ou trois ans, on assiste à une dégradation. On sent une réelle tension, une pression ».
« Maintenant, les dealers ne se cachent plus, ils s’affichent en pleine journée. Ils s’installent non loin des écoles ou même parfois devant le portail des établissements. On les voit, armés, accompagnés de chiens dangereux », poursuit Aurélie, une collègue de travail. « Ils sont là le long du chemin allant à l’école. Les enfants passent devant eux tous les jours », ajoute Stéphanie. Les mamans baissent parfois la tête pour ne croiser leur regard et ne pas s’attirer d’ennuis. « Les gars sont armés, ça peut mal finir », poursuit la jeune femme.
Plusieurs incidents notables ont été enregistrés depuis la rentrée. Le 23 septembre, les 550 élèves ont dû être confinés en urgence pour « éviter de recevoir une balle perdue ». Trois jours plus tard, le scénario s’est répété. Mais cette fois à la sortie de l’école. Les enfants avaient déjà tous quitté l’établissement. Rebelote la semaine d’après.
Les jours suivants, la situation reste crispée. Les patrouilles de police sont caillassées, des projectiles finissent par atterrir dans la cour de l’école ou dans les fenêtres de l’établissement. S’ajoutent à cela des menaces de mort proférées à l’encontre de l’un des directeurs. Et une course-poursuite qui aurait pu virer au drame le 11 octobre. Un jeune du quartier, poursuivi par la police, refuse d’obtempérer : « Il a escaladé le grillage pour traverser la cour de la maternelle, puis a sauté un deuxième grillage pour regagner l’école élémentaire. Ensuite, il s’est échappé en franchissant les dernières clôtures. On a dû une nouvelle fois, confiner tous les élèves », raconte Benoît.
(…) « Les parents, eux-mêmes, ne réclament pas davantage de police. Ils aimeraient plutôt l’intervention d’éducateurs de rue ou de médiateurs, qui puissent convaincre les dealers d’aller plus loin et qui puissent aussi faire de la prévention auprès des enfants », ajoute Valérie.